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RÉACTION INFLAMMATOIRE

Médiateurs et effecteurs de la réaction inflammatoire

Complexité des médiateurs de l’inflammation
 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Complexité des médiateurs de l’inflammation

Comment les cellules concernées agissent-elles sur les tissus endommagés et les microbes ? On distingue la production de médiateurs qui agissent à distance, et les effecteurs qui agissent localement sur les tissus lésés. Les cytokines sont des médiateurs protéiques solubles permettant le dialogue entre les cellules. Le tumornecrosis factor, ou TNF (identifié d’abord comme responsable de la nécrose des tumeurs, mais dont on sait désormais qu’il agit dans de nombreux mécanismes naturels de mort cellulaire et qu’il favorise la cachexie) orchestre avec l'IL-1ß le processus inflammatoire. Ces deux « meneurs » organisent un véritable ballet de nombreuses autres cytokines pro-inflammatoires jouant différents rôles selon les situations (cf. tableau). Par exemple, lors des infections à Candida albicanset des maladies auto-immunes, l'IL-17 joue un rôle majeur. La liste des cytokines impliquées varie d’une situation inflammatoire à l’autre, et elles coopèrent dans la réalisation de tel ou tel effet. Enfin, dans des situations d'extrême gravité comme une septicémie, une production exacerbée de plusieurs cytokines peut se produire (on parle d'une tempête cytokinique) et contribuer aux effets dévastateurs d'une réponse inflammatoire excessive.

Également, des médiateurs lipidiques jouent un rôle important dans l’aspect vasculaire de l’inflammation. L'acide arachidonique est produit lors de l'induction d'une enzyme, la phospholipase A2 qui agit sur les acides gras de la membrane cellulaire. L'acide arachidonique sert alors de substrat soit à une autre enzyme, la cyclooxygénase inductible (COX2), ce qui produit des prostaglandines, soit à la 5-lipoxygénase, ce qui produit des leucotriènes. Ces deux groupes de médiateurs lipidiques sont responsables de l’augmentation de la perméabilité vasculaire, de la vasodilatation (la rougeur), de la formation d’œdème et donc de la douleur et les prostaglandines contribuent à la fièvre. C’est ce qui permet de comprendre l’action de l'aspirine qui, parce qu’elle inhibe l'action de la cyclooxygénase inductible, bloque la formation de prostaglandines.

La destruction des tissus lésés ou infectés est quant à elle liée à la production de substances effectrices par les cellules activées. Ainsi, la génération de radicaux libres est le fruit de l'activation d'enzymes qui aboutit à la production d'anion superoxyde (O2—). La NO synthase activée produit du monoxyde d'azote (NO). NO et O2— se conjuguent en péroxynitrite (ONOO—) tandis qu'O2—, sous l'effet de la superoxyde dismutase, produit de l’eau oxygénée (H2O2). Cette dernière, en présence d'ions chlore, aboutit à la formation d'acide hypochloreux (HOCl). Toutes ces molécules ont des activités anti-microbiennes fortes ; mais elles sont aussi vivement toxiques et peuvent endommager les tissus avoisinants, entretenant alors l’inflammation. Enfin, des protéases, enzymes produites par les mastocytes, les macrophages et les neutrophiles activés, sont nocives pour les pathogènes mais se révèlent aussi toxiques pour la matrice extracellulaire et les tissus, générant alors d’autres signaux de danger.

Les effecteurs de l’inflammation sont ainsi placés dans une sorte d’équilibre. Il faut qu’ils soient produits pour que l’inflammation se développe et que microbes et tissus lésés soient détruits. Mais leur production en excès se révèle dangereuse pour les tissus sains et, au-delà, pour l’organisme.

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Élie Metchnikov (1845-1916)
 - crédits : F. Nadar/ Wellcome Library, London

Élie Metchnikov (1845-1916)

Activation et contrôle de la réaction inflammatoire
 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Activation et contrôle de la réaction inflammatoire

L’interleukine 1 au centre de la réaction inflammatoire.
 - crédits : Encyclopædia Universalis France

L’interleukine 1 au centre de la réaction inflammatoire.