- 1. Cinq millénaires de connaissances sur l’inflammation
- 2. La phase précoce de la réaction inflammatoire
- 3. L’activation des cellules inflammatoires
- 4. Médiateurs et effecteurs de la réaction inflammatoire
- 5. Le recrutement des leucocytes
- 6. Les cellules inflammatoires au travail
- 7. Régulation négative de l’inflammation et phase de résolution
- 8. Inflammation, pathologies et approches thérapeutiques
- 9. Bibliographie
RÉACTION INFLAMMATOIRE
Régulation négative de l’inflammation et phase de résolution
Sans contrôle, une réaction inflammatoire pourrait devenir délétère pour les tissus. Des mécanismes de contrôle négatif existent, qui permettent la résolution de l’inflammation. Aussi localisée que soit une réaction inflammatoire, l'ensemble de l'organisme est informé de sa survenue, en particulier grâce à la production de la cytokine IL-6 dont le niveau reflète l'intensité et la sévérité de la réponse inflammatoire. Cette cytokine et quelques autres (IL-1, TNF, IL-11, IL-22…) agissent sur les cellules du foie et y induisent la sécrétion de protéines qui circulent dans le sang, les protéines de la phase aiguë de l'inflammation. Certaines, comme la protéine C-réactive (CRP), sont d’ailleurs utilisées comme marqueurs indicateurs de la présence d'un processus inflammatoire en cours lors d’examens biologiques. Leur rôle est de limiter les conséquences fâcheuses de la réaction inflammatoire en favorisant l'élimination des débris cellulaires, en inhibant les enzymes protéolytiques, en limitant le chimiotactisme, en inhibant la production de radicaux libres, ou encore en neutralisant un certain nombre de médiateurs contribuant au processus inflammatoire.
Une fois l'agression maîtrisée, la réaction inflammatoire doit être arrêtée. Des cytokines anti-inflammatoires comme l’IL-10 vont soit bloquer la production des cytokines pro-inflammatoires soit inhiber leur action. L'IL-10 est produite par de nombreuses cellules et en particulier les macrophages et les lymphocytes T régulateurs. Les glucocorticoïdes, puissants anti-inflammatoires, sont produits par les glandes surrénales en réponse à la sécrétion de l’hormone adrénocorticotrophine (ACTH) produite par le lobe antérieur de l’hypophyse en réponse à une autre hormone (corticotropin releasing factor, CRF) elle-même induite par les cytokines inflammatoires telles que l'IL-1 et le TNF. Les glucocorticoïdes inhibent les productions des cytokines pro-inflammatoires, mais aussi l'activation de l'endothélium, le chimiotactisme, la production de radicaux libres et de médiateurs lipidiques. Par ailleurs, ils induisent la production d'annexine-1, une molécule ayant également des propriétés anti-inflammatoires, et amplifient les effets de l’IL-10. Les effets généraux des corticoïdes en font un élément majeur de la résolution d’une réaction inflammatoire. Cela explique leur usage en médecine ou plutôt de certains de leurs analogues de synthèse.
À côté de ce contrôle majeur de l’inflammation, d’autres mécanismes locaux sont mis en évidence. Les terminaisons nerveuses présentes au sein de tous les tissus libèrent des neuromédiateurs (acétylcholine) capables de limiter le processus inflammatoire, en particulier en inhibant la production des cytokines pro-inflammatoires. À l'inverse d'autres neurotransmetteurs, comme la substance P impliquée dans la douleur, peuvent l'amplifier.
Enfin, depuis le début des années 2000 on découvre des acides gras polyinsaturés (type oméga 3) qui ont des effets totalement opposés à ceux des prostaglandines et leucotriènes, également dérivés des acides gras. Ces substances, qui portent les noms de protectines, résolvines, marésines, lipoxines, sont impliquées dans les phases de résolution de l'inflammation et s'opposent aux événements qui contribuent au processus inflammatoire. Elles sont produites au site de l’inflammation et servent de relais à certains médicaments. Ainsi, la lipoxine A4 voit sa synthèse favorisée par l'aspirine.
La résolution de l’inflammation est donc, au même titre que la mise en place de l’inflammation, un phénomène très complexe. Elle débute avec la diminution ou la disparition de la cause de l’inflammation. Les mécanismes de résolution prennent alors le[...]
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Écrit par
- Jean-Marc CAVAILLON : professeur, chef d'unité à l'Institut Pasteur
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