- 1. Cinq millénaires de connaissances sur l’inflammation
- 2. La phase précoce de la réaction inflammatoire
- 3. L’activation des cellules inflammatoires
- 4. Médiateurs et effecteurs de la réaction inflammatoire
- 5. Le recrutement des leucocytes
- 6. Les cellules inflammatoires au travail
- 7. Régulation négative de l’inflammation et phase de résolution
- 8. Inflammation, pathologies et approches thérapeutiques
- 9. Bibliographie
RÉACTION INFLAMMATOIRE
Inflammation, pathologies et approches thérapeutiques
La complexité de l’édifice qui maintient l’équilibre entre inflammation et résolution de l’inflammation explique pourquoi les processus inflammatoires sont si importants en médecine. Cette complexité, le fait également que les acteurs de l’inflammation agissent sur d’autres systèmes physiologiques, rend délicate l’intervention sur tel ou tel des composants de l’équilibre. Cependant, les connaissances acquises ouvrent quelques espoirs thérapeutiques.
Ainsi, la permanence d'une réponse inflammatoire au sein d'un tissu ou d’un organe engendre des pathologies chroniques telles que la polyarthrite rhumatoïde qui affecte les articulations, la maladie de Crohn qui affecte l’intestin, le psoriasis qui affecte la peau. Outres les thérapies faisant appel aux corticoïdes ou aux anti-inflammatoires non stéroïdiens, de nouvelles approches thérapeutiques ont été mises sur le marché avec pour objectif de neutraliser les cytokines qui orchestrent le processus inflammatoire. C'est en particulier le cas de médicaments visant à neutraliser le TNF à l'aide d'anticorps ou de récepteurs solubles. De nouvelles approches ciblant des cytokines comme l'IL-12, l'IL-23 ou l'IL-17 se sont avérées également encourageantes.
Le diabète de type 2 (résistant à l’insuline) ou la goutte sont des pathologies qui sont communément appelées auto-inflammatoires. Elles résultent de la présence accrue et chronique d'un stimulus, le sucre dans le cas du diabète, les cristaux d'acide urique dans le cas de la goutte, capables d'initier et de maintenir le processus inflammatoire, soit au niveau des cellules ß des îlots de Langerhans du pancréas dans le premier cas, soit au niveau des articulations dans le second exemple. La neutralisation de l'IL-1 ou son blocage par son inhibiteur naturel (IL-1Ra, commercialisée sous le nom d'Anakinra®) pourraient présenter un avantage thérapeutique.
De nombreux cancers apparaissent sur un foyer inflammatoire chronique initié, soit par la présence de substances agressives (amiante et cancer de la plèvre ou des poumons ; silice et cancer des poumons), soit par la présence de pathogènes (Helicobacterpyloriet cancer de l'estomac ; Chlamydia trachomatis ou papillomavirus et cancer du col de l’utérus ; virus de l'hépatite et cancer du foie). Pour d'autres pathologies comme la maladie d’Alzheimer, de nombreux auteurs s'accordent pour évoquer la présence d'un processus inflammatoire cérébral de nombreuses années avant la survenue de la maladie. Aussi bien la prévention des processus inflammatoires ou leur traitement lorsqu’ils sont déclarés pourraient se révéler statistiquement bénéfiques.
Il est un cas particulièrement intéressant où provoquer intentionnellement une réaction inflammatoire se révèle utile, voire indispensable : la vaccination. En effet, pour obtenir une réponse immunitaire décente et protectrice, comme lors de la vaccination, l’antigène injecté ne suffit pas. Cette notion avait été perçue par Gaston Ramon, alors vétérinaire à l'Institut Pasteur et responsable de la production des anticorps de chevaux antitétaniques et antidiphtériques. En 1925, il comprit que s'il y avait une réaction inflammatoire associée à la substance vaccinale, la réponse anticorps était bien meilleure. De nombreuses substances furent alors proposées, y compris de la poudre de tapioca, des huiles diverses, etc., jusqu'à ce que dans les années 1950, les sels d'aluminium soient utilisés en routine. Quoi qu’il en soit du futur des adjuvants, il n’y aura pas de vaccination sans en incorporer dans la préparation vaccinale. Lorsque Charles Janeway et Polly Matzinger revisitèrent la définition du système immunitaire, ils ne le considérèrent pas comme devant discriminer entre le soi et le non-soi, mais[...]
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Écrit par
- Jean-Marc CAVAILLON : professeur, chef d'unité à l'Institut Pasteur
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