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HORN REBECCA (1944-2024)

Article modifié le

L'artiste allemande Rebecca Horn s'est confrontée, à partir des années 1970 et tout au long de sa carrière, à tous les médiums, de la vidéo à la sculpture, de la photographie à l'installation, en passant par le dessin, pour développer son art somatique. « J'utilise mon corps, j'utilise ce qui m'arrive et j'en fais quelque chose. »

Outils, masques et machines

Rebecca Horn est née le 24 mars 1944 en Allemagne, à Michelstadt (Hesse). Âgée de vingt ans, elle intègre l'école des Beaux-Arts de Hambourg, dont elle sortira diplômée en 1970. Au cours de sa première année d'étude, en 1964, elle manipule sans protection de la résine et des solvants qui atteignent gravement ses poumons. Rebecca Horn est conduite dans un sanatorium où elle est soignée pendant un an. À cela s'ajouteront de nombreux mois de convalescence, durant lesquels elle reste diminuée physiquement. Cet isolement forcé, dû à sa maladie dont les symptômes sont proches de la tuberculose, imprègne les premières créations de la jeune artiste. Prothèses, excroissances, membres synthétiques sont des substituts qu'elle intègre dans son œuvre, en jouant autant sur le développement de nouvelles possibilités pour son corps que de son entrave. Les codes esthétiques rappellent l'érotisme sado-masochiste cher à certains surréalistes, une identité trouble et un jeu de contraires tels que les mettait en scène Luis Buñuel dans Le Chien andalou (1928) ou L'Âge d'or (1930), qui sont des références d'importance pour Rebecca Horn. « Lorsque vous souffrez, vous faites l'expérience d'un jeu extrême. Cela peut vous libérer et ouvrir bien plus grand la vision que vous avez de vous-même et de votre propre corps », précise l'artiste.

Les « outils » en cuir qu'elle imagine sont le plus souvent référencés dans le Body Art, car Rebecca Horn les a mis en scène dans des performances filmées en 1972. Dans Pencil Mask (1972), le sujet porte un masque fait de lanières de cuir dont les intersections sont dotées de crayons ; la tête dessine alors sur un mur, dans une chorégraphie aussi pénible que poétique. Mais sa première œuvre d'importance est certainement Unicorn (1970-1972), prothèse portée pour une performance qui donna lieu à une photographie et un film, aujourd'hui emblématiques de l'œuvre de l'artiste. Une femme – Rebecca Horn elle-même – y est visible, hiératique au milieu d'un champ de blé, le corps partiellement recouvert de larges bandes blanches, et le visage ceint d'un casque textile tenant droit, sur sa tête vue de profil, une longue corne. Entre figure mythologique et nouvelle écriture moderne de la féminité, Horn a synthétisé les principes essentiels de son art qui oscillent entre contrainte du corps et figure élégiaque, références mythologiques et théâtralité. L'œuvre fait d'ailleurs singulièrement penser aux Métamorphoses d'Ovide, même si l'artiste aime davantage se référer aux écrits de Franz Kafka, Jean Genet ou Pier Paolo Pasolini, « des personnes qui ont flirté avec les frontières », selon elle.

Les mécanismes n'apparaissent dans ses sculptures qu'au tout début des années 1980 et vont devenir la nouvelle signature de l'artiste. Ces machines reproduisent un mouvement naturel, humain ou animal, et se substituent à lui sans pour autant chercher le mimétisme et l'illusion. La machine reste clairement identifiée comme telle, notamment avec son premier essai, la Machine-paon (1979-1980) déployant ses plumes blanches en une roue de parade animale parfaite mais qui devient totalement synthétique dans son film La Ferdinanda (1981). C'est bien le rituel du désir qui est ici répété, les mécanismes de la séduction qui sont reproduits avec une rigueur étonnante. Petit à petit, un vocabulaire spécifique est[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, historienne de l'art spécialisée en art écologique américain

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