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RÉCESSION

Les méthodes de prévision

Toute prévision sur la production et l'emploi réalisée à partir d'un petit nombre de séries choisies avec quelque arbitraire est un procédé contestable. Il y a tout intérêt à substituer à de simples techniques de repérage des récessions, intervenant plus ou moins rétrospectivement, des méthodes de prévision plus rigoureuses.

Parmi celles-ci, on peut examiner les méthodes mises au point aux États-Unis par le N.B.E.R. (National Bureau of Economic Research) et illustrées par les travaux de W. C. Mitchell, de A. F. Burns et, enfin, de G. Moore et de J. Shiskin. Elles ont amené à prendre en considération le plus grand nombre possible de séries statistiques différentes pour en étudier les comportements cycliques et rechercher les relations que ces séries ont entre elles – une ambition dont les limites ont été fortement élargies par les progrès du calcul électronique. Dans les relations des séries entre elles, on peut utiliser, à des fins de prévision, cette particularité qu'est le phénomène de précession offert par certaines séries : des indices tels que ceux du cours des valeurs mobilières, de la durée du travail dans l'industrie, des marges de profit, etc., fluctuent antérieurement à d'autres et avec suffisamment d'avance sur l'apparition des points de renversement du cycle de référence ou d'un indice des séries agrégées pour que l'on puisse prévoir avec une probabilité suffisante l'apparition d'une récession.

À titre d'exemple, l'indice des valeurs mobilières aux États-Unis, de 1900 à 1960, a anticipé avec cinq mois d'avance et dans 75 p. 100 des cas le renversement général de la conjoncture dans le sens de la récession (en valeur médiane) ; en effet, on n'a compté que six cas où les fluctuations de cet indice ont correspondu à des cycles spécifiques sans relation avec la conjoncture générale (et dont la prise en compte pouvait donc nuire à l'exactitude des prévisions), alors que le nombre d'observations mensuelles nécessaires, par ailleurs, pour établir l'existence d'un point de renversement propre à la série ne s'élevait qu'à deux. Des chiffres analogues apparaîtraient en ce qui concerne l'application de cet indice à la prévision des reprises ; dans ce cas, le point de renversement correspondant anticipe, dans 70 p. 100 des cas, de six mois la reprise générale.

Par comparaison, l'indice du nombre des nouvelles incorporations (c'est-à-dire la constitution de sociétés anonymes), au cours de la même période aux États-Unis, donne les résultats suivants : il y a anticipation correcte des récessions dans 70 p. 100 des cas et des reprises dans 75 p. 100, avec des avances médianes de douze et sept mois respectivement, et seulement deux cycles spécifiques sans relation avec la conjoncture générale ; mais il faut tenir compte de la nécessité de six observations mensuelles de variations dans le même sens pour être en droit de conclure à un renversement dans l'évolution cyclique de la série.

La méthode suppose le traitement d'un très grand nombre d'indices et leur classification en trois groupes, suivant que les points de renversement précèdent (leading indicators) l'évolution générale, sont en concomitance avec elle (coincident indicators) ou la suivent avec retard (lagging indicators) ; cela suppose aussi une révision périodique de la classification, ce qui accroît le caractère empirique de la méthode.

La méthode dite des indices de diffusion est complémentaire de celle des leading indicators. Elle consiste à mesurer la proportion en principe croissante du nombre des séries qui composent l'indice d'ensemble et qui ont déjà subi le renversement dans le sens de la récession (il en va de même pour la reprise).

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  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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