RÉCESSION
Synchronisme des récessions
La régularité d'apparition des récessions, dans le monde occidental d'après guerre, est-elle suffisante pour que l'on puisse affirmer qu'elles montrent la persistance d'un rythme cyclique ? La réponse doit être positive, tant à l'échelle internationale qu'à celle des économies nationales. Les récessions à l'échelle des économies nationales ont été fréquentes, d'intensité variable, mais d'une durée nettement plus courte que celle des périodes d'expansion, leur sévérité n'ayant jamais atteint, en termes non seulement de fluctuations de la production et des prix mais aussi de fluctuations de l'emploi, la gravité des dépressions antérieures à 1939.
De plus, la synchronisation des récessions tend à apparaître de mieux en mieux à l'échelle internationale. En prenant les récessions survenues aux États-Unis comme termes de référence, on constate par exemple que la récession qui a suivi, dans l'économie mondiale, le « boom » provoqué par le déclenchement de la guerre de Corée en 1950 s'est située entre deux récessions américaines, celle de 1949 et celle de 1953-1954. La récession de 1957 aux États-Unis trouve par contre son équivalent à peu près au même moment en Europe occidentale. Après la récession américaine de 1960, le synchronisme a été moins évident, tant du fait de l'échelonnement des récessions dans les pays d'Europe occidentale au cours des années suivantes que du fait de la durée exceptionnelle de l'expansion suivante aux États-Unis (1961-1966), qui fut encouragée par le retard pris sur la croissance potentielle et par le changement de politique favorisant le rattrapage de tendance.
En revanche, en 1966-1967, la récession a été générale dans le monde, et le même phénomène tend à se reproduire à partir de 1971. Si l'on choisit comme indicateur de la sévérité d'une récession la chute en valeur absolue sur un ou plusieurs trimestres de l'indice de la production industrielle ou de l'indice des dépenses d'investissement dans l'industrie, ces phénomènes n'ont été vérifiés que dans certaines récessions aux États-Unis et en Allemagne occidentale. C'est aussi dans ces pays que les récessions ont eu les durées les plus courtes.
Toutefois, en Grande-Bretagne et en France, le rythme cyclique n'est pas aussi apparent sur la même période. Les phases de récession tendent à y être plus longues et à s'y manifester plutôt sous forme du passage d'un taux de croissance élevé à un taux plus faible. Le phénomène de récession, en tant que phase du cycle, est altéré en Grande-Bretagne par une tendance plus durable sans doute à la « stagflation », c'est-à-dire à la persistance des tendances inflationnistes malgré le chômage ; alors, un faible taux de croissance a plus d'effet défavorable sur l'emploi qu'il n'en a sur la productivité, et l'abaissement de la pression de la demande effective ne suffit pas de son côté à faire disparaître les tendances à l'inflation par les coûts.
En France, la durée des périodes de ralentissement de la croissance ne peut s'interpréter uniquement en invoquant les récessions en tant que phénomènes cycliques, indépendamment de la durée des plans de stabilisation, c'est-à-dire d'un ensemble de mesures de politiques économiques ayant pour but une stabilisation prioritaire des prix et impliquant une politique de restriction de la demande effective par rapport à ce qu'impliquerait, au même moment, une utilisation intégrale du potentiel de croissance.
Les explications théoriques du renversement de la conjoncture de l'expansion dans le sens de la récession appartiennent à la théorie des cycles économiques et ont déjà été présentées sous cette rubrique. Il convient néanmoins[...]
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Écrit par
- Bernard DUCROS : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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