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RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Les caractéristiques des politiques de recherche

Le système de la recherche s'est constitué au fil des siècles en réponse aux besoins très divers des acteurs : monde académique, grandes administrations des États, entreprises. Dans chaque pays, l'organisation de la recherche est l'héritière de traditions historiques, en particulier de la forme des institutions politiques. Chaque pays a ainsi produit un « modèle » d'organisation de la recherche et de la technologie : et il n'y a pas de modèle unique ou standard pour la politique de la recherche. Il existe cependant dans pratiquement tous les pays une structure politique centrale (en général un ministère) qui est le lieu d'arbitrage politique où s'élaborent les choix des priorités et d'allocation des grandes masses financières. Dans chaque pays, des organismes publics ont pour mission de financer des activités de recherche fondamentale ou appliquée. Leur appellation est très variable (Centre, Institut national, Agence, Fonds national, etc.) et leurs modes d'actions très diversifiés : ils peuvent être soit de simples agences de moyens (ils financent seulement des programmes et des projets), soit des opérateurs de recherche avec leurs propres laboratoires et leurs propres personnels de recherche (c'est le cas du C.N.R.S. en France). Quant aux universités, elles disposent d'une autonomie, plus ou moins grande suivant les pays, qui leur permet de mettre en œuvre leur propre politique scientifique. L'ensemble des dépenses intérieures de R&D par zone et par pays est donné dans les tableaux 1 et 2.

Dépenses intérieures de recherche et développement dans le monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dépenses intérieures de recherche et développement dans le monde

Publications scientifiques dans le monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Publications scientifiques dans le monde

Le cas de la France

Prolongeant une tradition « colbertiste », l'État joue, en France, un rôle central dans le soutien à la recherche. Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, la planification de la recherche a contribué au développement de celle-ci jusqu'au début des années 1970. Outre le C.N.R.S., créé en 1939, de grands organismes publics ont été fondés, après la guerre, pour piloter la recherche dans les principaux domaines d'intérêt stratégique ou socio-économique, tandis que l'industrie ne commença réellement à investir dans les activités de R&D qu'à la fin des années 1950. C'est ainsi que furent successivement créés : le Commissariat à l'énergie atomique, en 1945, l'Institut national pour la santé et la recherche médicale (Inserm), l'Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.), le Centre national d'études spatiales (C.N.E.S.), l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), et une vingtaine d'autres instituts nationaux dans des domaines à finalité socio-économique (les transports, le bâtiment, la sécurité du travail, etc.). Après une première structuration de la recherche dans les années 1960, qui fut une priorité nationale après le retour au pouvoir du général de Gaulle, en 1958, deux lois d'orientation et de programmation ont apporté des innovations institutionnelles au système de la recherche. La première loi, votée en 1982 à l'initiative de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Recherche et de la Technologie, avec le soutien du président de la République François Mitterrand à la suite d'un colloque national sur la recherche et la technologie organisé en 1981  ; elle a donné le statut d'établissement public à caractère scientifique et technique (E.P.S.T.) à un grand nombre d'organismes de recherche publics (notamment au C.N.R.S., à l'I.N.R.A. et à l'Inserm) qui étaient dotés d'une large autonomie administrative et financière, et avec un statut particulier pour les personnels de ces établissements (chercheurs, techniciens et administrateurs), pris en application de l'ordonnance de 1959 relative au statut général de la fonction publique. La loi du 15[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'École de physique et chimie de Paris, président d'honneur de l'Observatoire des sciences et des techniques

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Médias

<em>Encyclopédie </em>de Diderot et d’Alembert - crédits : AKG-Images

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Tendances de la recherche et développement dans les grandes régions de l'O.C.D.E. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tendances de la recherche et développement dans les grandes régions de l'O.C.D.E.

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