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RECHERCHES PHILOSOPHIQUES SUR L'ESSENCE DE LA LIBERTÉ HUMAINE, Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling Fiche de lecture

Les Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine et les sujets qui s'y rattachent sont pratiquement le dernier livre paru du vivant de F. W. J. von Schelling (1775-1854) qui, cependant, continuera à élaborer sa pensée pendant près de quarante-cinq ans. Ce texte difficile et célèbre – il en existe cinq traductions en français – marque une triple rupture : avec la pensée antérieure du philosophe, avec l'idéalisme allemand et, peut-être, avec la métaphysique de la subjectivité inaugurée par Descartes. Contre ses détracteurs, Schelling entreprend de répondre par un traité systématique. Il se tourne d'abord contre Friedrich von Schlegel qui, après sa conversion au catholicisme, attaque le panthéisme qu'il rapproche de la « philosophie de l'identité » à laquelle Schelling avait donné ses lettres de noblesse. Le panthéisme, avance Schlegel, conduit à l'amoralisme en ce qu'il supprime la différence entre le bien et le mal, nie la liberté humaine et mène droit au nihilisme (terme inventé par Jacobi). Schelling doit aussi répondre aux attaques que Hegel, son ancien condisciple du Stift de Tübingen, avait émises dans la Préface à la Phénoménologie de l'esprit : reproches de « formalisme », de peur du négatif et du fini qui se résout en un appel à « l'intuition intellectuelle ». En tenant compte de ces critiques, le philosophe va s'efforcer de montrer qu'il y a une positivité du mal qui est expression de la liberté humaine.

La liberté et le mal

Schelling part de l'opposition entre système et liberté, l'un semblant nier l'autre. Un « système de la liberté » est-il possible ? Pour Schelling, comme pour Hegel, il va de soi que la connaissance vraie est systématique, dans la mesure où la raison est en elle-même systématique. Que la liberté soit définie « comme pouvoir du bien et du mal », et la possibilité d'un « système de la liberté » devient réelle : en effet, si l'homme choisit le mal, c'est encore par un acte qui lui est propre, et qui le constitue comme être intelligible. La liberté constitue bien le fond de l'être : « En dernière et suprême instance, il n'y a pas d'autre être que le vouloir. Vouloir est l'être originaire, et c'est à lui seul que reviennent tous les prédicats de ce dernier : absence de fondement, éternité, indépendance à l'égard du temps, autoaffirmation. Tout l'effort de la philosophie ne vise qu'à trouver cette suprême expression. » La question du mal, loin de se réduire à un simple problème moral, s'avère inséparable de la question de l'être. La distinction opérée par Schelling au sein de l'absolu entre le fond (Grund) et l'existence (Existenz) lui permet de dépasser et l'ontologie substantialiste inaugurée par Aristote et la métaphysique de la subjectivité ouverte par Descartes.

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