RECHERCHES SUR LES PRINCIPES MATHÉMATIQUES DE LA THÉORIE DES RICHESSES, Antoine Augustin Cournot Fiche de lecture
Ignorées lors de leur publication en 1838, les Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses furent découvertes à partir des années 1880 par les fondateurs de l'approche marginaliste en économie, William Stanley Jevons, Léon Walras et Alfred Marshall. Si la méthode mathématique de Cournot (1801-1877) fait de lui un précurseur du marginalisme, fondé sur l'application du calcul différentiel à l'analyse économique, ses conceptions proprement économiques seront d'abord largement contestées, notamment par Joseph Bertrand et Francis Ysidro Edgeworth. C'est seulement avec l'élaboration, à la suite des travaux de John Forbes Nash, de la théorie des jeux non coopératifs dans les années 1950, que l'approche de Cournot trouve une place centrale dans l'analyse des formes de la concurrence. Elle constitue aujourd'hui l'un des modèles de base de l'économie industrielle et de la théorie de la concurrence imparfaite.
L'application des mathématiques à l'économie
Cournot expose dans la Préface le but de son ouvrage, qui est d'appliquer à ses recherches théoriques en économie « les formes et les symboles de l'analyse mathématique ». Il commence (chapitre i) par définir la richesse de manière à l'étudier d'un point de vue mathématique : la richesse est une « idée abstraite » qui signifie « valeurs échangeables » et qu'il faut distinguer des idées d'utilité ou de rareté. Le chapitre ii définit le concept de valeur d'échange, et le chapitre iii expose la détermination de valeurs d'échange particulières que sont les taux de change dans une économie mondiale en régime de changes flexibles.
Le chapitre iv présente la « loi du débit » sur laquelle Cournot s'appuiera dans les chapitres suivants : la demande (ou le débit) d'un bien est une fonction inverse de son prix. Seule l'observation peut permettre de connaître cette fonction, mais on peut déduire des résultats théoriques à partir d'hypothèses portant seulement sur les propriétés de cette fonction ; Cournot raisonne par la suite en supposant qu'elle est continue et décroissante.
Dans les quatre chapitres suivants, Cournot analyse les différentes formes de la concurrence en allant du monopole (chapitres v et vi) à la concurrence indéfinie (chapitre viii) où le nombre d'offreurs est infiniment grand, en passant par les cas intermédiaires du duopole et de l'oligopole (chapitre vii). Dans chaque cas, il détermine le prix et la quantité produite à l'équilibre, et étudie l'influence de l'impôt sur ces variables. Il montre que, à mesure que le nombre de producteurs augmente, le prix d'équilibre diminue et la quantité totale produite augmente. Lorsque le nombre d'offreurs devient infini, le prix est égal au coût marginal de production (coût de la dernière unité produite).
Dans le chapitre ix, Cournot s'intéresse à la concurrence entre deux monopoles situés sur deux marchés différents. Le chapitre x étudie, dans un modèle de l'échange international, l'effet des taxes et des subventions sur le prix des biens exportés et importés. Les deux derniers chapitres complètent l'analyse d'équilibre partiel par une analyse en termes de revenu global, afin de prendre en compte la totalité du système économique.
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Écrit par
- Claire PIGNOL : maître de conférence en économie, université Paris-I
Classification
Autres références
-
MATHÉMATIQUE ÉCOLE ÉCONOMIQUE
- Écrit par François ETNER
- 2 776 mots
...Antoine Augustin Cournot et Jules Dupuit. Ces quatre auteurs publient au milieu du xixe siècle sans se connaître. Cournot est le plus novateur. Ses Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richessesparaissent en 1838, avec l'allure d'un manuel de microéconomie avant l'heure....