RECIFE ou PERNAMBOUC

Ville du Nordeste brésilien, capitale de l'État de Pernambouc, Recife est une des plus anciennes villes du pays fondée dans cette zone qui fut le premier point de colonisation des Portugais. Dès le début de l'époque coloniale, elle fut l'un des ports les plus actifs, spécialisé dans l'exportation des denrées tropicales produites dans la plaine côtière environnante ; elle bénéficie, en outre, de la protection naturelle offerte par des barres rocheuses qui en font un port particulièrement abrité, ce qui lui a valu d'être, avec Salvador (ou Bahia), le principal port exportateur de canne à sucre au xvi^e et au xviii^e siècle.

Cette fonction portuaire demeure une des grandes activités économiques de la ville, mais il s'y ajoute un rôle important de métropole tertiaire d'une vaste partie du Nordeste brésilien ; de plus, une fonction industrielle a été développée grâce à un effort particulier du Service d'aménagement du Nordeste, la S.U.D.E.N.E., depuis 1959 ; Recife se trouve en effet être la plus grande ville de cette très vaste région sous-développée du Brésil où la misère générale entraîne des migrations qui accumulent la population la plus défavorisée dans les grandes cités. La ville s'est gonflée, surtout depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, d'une masse d'arrivants qui trouvaient de moins en moins de possibilités d'emploi dans les activités urbaines. Tout un système de subventions et d'exemptions d'impôts a permis un essor spectaculaire des activités bancaires et financières ainsi que de l'industrialisation, ce qui n'a fait que renforcer le rôle du port.

Avec 1 533 580 habitants en 2007 (3,6 millions d'habitants pour l'agglomération), Recife est la cinquième ville du Brésil, alors qu'elle ne comptait que 524 000 habitants aux environs de 1950, mais qu'elle en abritait déjà plus de 110 000 durant la seconde moitié du xix^e siècle, en raison de l'importance de ses fonctions anciennes issues de l'époque coloniale. Parmi les villes brésiliennes, Recife détient aussi le plus fort pourcentage de « sans travail », et le niveau de vie de la grande majorité de sa population demeure très bas (une famille sur deux est touchée par la pauvreté). Cela se traduit dans son paysage par la très grande extension des zones d'habitat spontané, appelées localement mocambos, qui occupent tous les espaces laissés libres par la construction urbaine proprement dite, et en particulier les zones marécageuses des embouchures des fleuves. En effet, Recife se trouve dans une zone d'estuaire où se jettent deux fleuves, le Capibaribe et le Beberibe, dont les bras enserrent un certain nombre d'îles qui ont constitué le site originel de la ville ; les plus proches de l'Océan constituent le centre de la ville (quartiers administratifs, financiers et commerciaux). Recife est un centre culturel et universitaire important (Université fédérale du Pernambouc fondée en1946), ainsi qu'une destination privilégiée pour les touristes.

— Michel ROCHEFORT