RÉCIFS CORALLIENS
Les récifs coralliens sont les plus grandes bio-constructions de la planète. Ils sont formés de squelettes calcaires édifiés principalement par les coraux, animaux marins vivant en symbiose avec des algues. Situés dans la zone intertropicale, ces récifs couvrent stricto sensu (c'est-à-dire sans tenir compte de la superficie des lagons qui leur sont associés) environ 284 300 kilomètres carrés, soit 0,17 p. 100 de la surface des océans. Ce patrimoine naturel, véritable rempart protégeant les côtes contre les assauts de l'océan, est rare mais il offre un potentiel économique et une source de subsistance à plus de 500 millions de personnes, soit 8 p. 100 de la population mondiale, réparties sur une centaine de pays bordés par ces édifices.
Les récifs coralliens représentent, avec les multiples espèces qu'ils abritent, l'un des écosystèmes les plus diversifiés, les plus productifs et les plus complexes, mais aussi l'un des plus fragiles. Subissant de multiples agressions, naturelles ou anthropiques, cet écosystème se dégrade rapidement, notamment sous l'effet du changement climatique. Selon le rapport Status of Coral Reefs of The World, publié en 2008, 19 p. 100 des récifs coralliens sont déjà morts, 15 p. 100 risquent de disparaître dans les 10 à 20 prochaines années et 20 p. 100 de plus d'ici 20 à 40 ans. Seuls 46 p. 100 des récifs de la planète sont donc encore en bon état, notamment dans le Pacifique où des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie ont été inscrits, en juillet 2008, au patrimoine mondial de l'U.N.E.S.C.O., ceux de la Grande Barrière d'Australie l'ayant été en 1981.
Répartition et types de récifs coralliens
L'Indonésie (225 millions d'habitants), avec 51 020 kilomètres carrés de récifs, est la plus grande région corallienne du monde, suivie par l'Australie (20,7 millions d'habitants) et ses 48 960 kilomètres carrés de récifs, puis par les Philippines (90 millions d'habitants) avec 25 060 kilomètres carrés de récifs (cf. carte). La France, par ses collectivités d'outre-mer (2,6 millions d'habitants) situées dans les océans Atlantique, Indien et Pacifique, se place en quatrième position avec 14 280 kilomètres carrés de récifs coralliens et une longueur cumulée des récifs de 5 000 kilomètres. Si l'on ajoute à la superficie des récifs coralliens celle des lagons, l'ensemble corallien des collectivités françaises d'outre-mer atteint 55 000 kilomètres carrés.
Vues du ciel, les eaux coralliennes présentent un panel très varié de bleus révélant différentes formations géomorphologiques sous-marines ou types de récifs :
– Les récifs frangeants bordent une terre émergée. Ils peuvent être soit accolés à la côte, soit séparés d'elle par un chenal peu profond, relativement étroit (moins d'1 kilomètre de largeur) et souvent appelé à tort lagon.
– Les récifs barrières, plus éloignés de la côte et séparés de cette dernière par un lagon de plusieurs kilomètres, marquent la différence entre les eaux claires des lagons et le bleu uniforme du grand large. Ce sont souvent d'anciens récifs frangeants que l'élévation du niveau de la mer ou un effondrement de la terre a éloignés du rivage. Parfois, la barrière est double. Cette rare formation existe, par exemple, à Mayotte ou en Nouvelle-Calédonie. Ces armures naturelles sont entaillées, par endroits, de passes, précieuses ponctuations et seules ouvertures avec l'océan que les marins empruntent pour s'affranchir des redoutables naufrages. Ces passes correspondent parfois aux anciennes embouchures de rivières. En effet, lors du dernier maximum glaciaire, il y a environ 18 000 ans, le niveau marin était plus bas, certains récifs barrières étaient alors des récifs frangeants ponctués par des embouchures[...]
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Écrit par
- Pascale JOANNOT : ingénieure de recherche, habilitée à diriger des recherches, chargée des relations avec l'outre-mer au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
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