RÉCIFS CORALLIENS
Biologie du corail
Pour comprendre la formation des récifs coralliens, il faut suivre successivement les différentes étapes de la vie d'un corail.
La reproduction du corail
Comme pour la plupart des animaux, le polype naît de la rencontre d'un ovule et d'un spermatozoïde. Parmi les coraux, on distingue :
– des espèces hermaphrodites (les polypes s'autofécondent et libèrent des larves) ;
– des espèces hermaphrodites à fécondation externe (les polypes libèrent à la fois des gamètes mâles et femelles dans l'eau ; c'est le cas de 75 p. 100 des coraux) ;
– des espèces à sexes séparés (espèces dioïques) et à fécondation interne (seuls les spermatozoïdes sont émis dans l'eau et viennent féconder l'ovule dans la cavité gastrique du polype ; les larves sont ensuite libérées) ;
– des espèces à sexes séparés et à fécondation externe (libérant leurs produits sexuels dans l'eau).
La libération dans l'eau des gamètes mâles et femelles appelée « ponte en masse des coraux » est le mode de reproduction le plus fréquent. Connu depuis les années 1930, ce phénomène a été décrit pour la première fois dans les eaux de la Grande Barrière australienne en 1981 et en Nouvelle-Calédonie en 1989. Le facteur qui déclenche cet événement spectaculaire est un subtil cocktail de conditions extérieures et de maturation sexuelle des colonies. Cette ponte a lieu quelques nuits après la première pleine lune d'été (d'octobre à mars dans l'hémisphère Sud), à l'étale de marée basse et certainement lors d'une accalmie des vents qui soufflent à cette période de l'année. Les coraux libèrent des millions d'ovules – petites billes roses, beiges ou vertes – et des nuages de spermatozoïdes. Le spectacle est bref, car la ponte n'a lieu qu'une ou deux nuits par an et ne dure que quelques heures par nuit. Il faut donc peu de temps à ces scléractiniaires pour participer à la régénération du récif. Dans l'eau, les gamètes mâles et femelles se reconnaissent, s'unissent et donnent naissance à un œuf qui se développe en une larve nageuse appelée planula.
Premier polype, premier squelette
Microscopique (moins du millimètre), ciliée et de forme oblongue, la planula se laisse transporter au gré des courants pendant quelques heures ou quelques semaines. Si elle échappe aux carnassiers zooplanctophages, elle finit par couler et se fixe sur un support (grain de sable, morceau de corail, coquille, épave...). La larve se métamorphose alors en un polype qui édifie son squelette calcaire externe, sorte de petite loge dans laquelle il vit et qu'on appelle polypièrite ou corallite. L'architecture de cette loge, véritable tour protectrice, est le fruit du travail des calicoblastes, cellules situées dans le tissu externe du polype (ectoderme), permettant la précipitation du carbonate de calcium (CaCO3) cristallisé sous forme d'un minéral appelé aragonite.
Cette tour, dont la partie haute est appelée calice, est composée d'un plancher ainsi que d'une muraille verticale comportant des excroissances (cloisons verticales radiales) ou septes au nombre de six ou un multiple de six. Les septes, entre lesquelles le polype s'insère, sont dentelées, crénelées ou lisses et peuvent se prolonger à l'extérieur de la forteresse par des côtes (cf. figure).
L'animal édifie, au fur et à mesure qu'il « grimpe » dans sa forteresse, un plancher, formant inlassablement des étages (succession de loges) dont il occupe seulement le dernier. La forme, la disposition des calices, leurs ornementations et leurs agencements permettent, aujourd'hui encore, l'identification des différentes espèces de scléractiniaires, que la biologie moléculaire vient compléter et parfois bousculer.
Protégé par son armure calcaire, le polype –[...]
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Écrit par
- Pascale JOANNOT : ingénieure de recherche, habilitée à diriger des recherches, chargée des relations avec l'outre-mer au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
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