RÉCIFS CORALLIENS
Conséquences pour l'homme des pressions sur les récifs coralliens
Naturelles ou anthropiques, les pressions exercées sur les récifs coralliens, entraînant leur destruction partielle ou totale, ont des conséquences pour l'homme, notamment en termes d'économie et de santé publique.
Les catastrophes de blanchissement entraînent une chute des revenus de la pêche vivrière pour les populations locales ainsi qu'une baisse de la fréquentation touristique. Il est à noter que les récifs coralliens attirent environ 15 millions de plongeurs sous-marins par an, répartis dans les 2 500 centres de plongée recensés dans les pays récifaux.
La destruction des coraux peut avoir des conséquences sur la santé publique. Il peut en effet se développer sur un récif en mauvais état une flambée de ciguatera, intoxication provoquée par la consommation de poissons récifaux. Présente dans les régions intertropicales coralliennes, la ciguatera, appelée familièrement « la gratte » dans le Pacifique sud, est due à un dinoflagellé : Gambierdiscus toxicus. Cette micro-algue toxique se développe dans le gazon algal (algues macroscopiques) recouvrant les récifs endommagés. Ce gazon algal, infesté de Gambierdiscus toxicus, est « brouté » par les poissons herbivores qui sont eux-mêmes consommés par des poissons carnivores. Les toxines de cette micro-algue (ciguatoxine, maïtotoxine) se transmettent et se concentrent ainsi tout au long de la chaîne alimentaire jusqu'à l'homme.
Il est impossible de distinguer à l'œil nu un poisson ciguatoxique d'un poisson sain. Ni la cuisson, ni la congélation, ni le fumage, ni la salaison ne peuvent éliminer les toxines. Autour d'un même plat de poisson, certaines personnes peuvent contracter la gratte, d'autres non. Cela dépend de la quantité de toxines déjà ingérée. Il semble qu'il existe un seuil de tolérance au-delà duquel on devient malade. Généralement, les plus gros spécimens d'une même espèce sont les plus dangereux, ceux-ci ayant accumulé plus de toxines. En revanche, les poissons de profondeur ou les poissons pélagiques du large sont réputés sains.
La ciguatera peut être contractée toute l'année. Elle provoque généralement des vomissements, des modifications des sensations « chaud-froid » et parfois des complications mortelles. Il n'existe aucun traitement permettant d'éliminer les toxines. Des remèdes locaux, à partir de plantes de bord de mer, sont réputés soulager les symptômes de la gratte. Des équipes internationales de scientifiques travaillent à la connaissance des facteurs responsables de la ciguatera et à celle de la structure chimique des toxines dans la perspective d'élaborer un test simple de détection des poissons ciguatoxiques et de produire des médicaments.
L'écosystème récifal est mis à mal par un ensemble de facteurs naturels et anthropiques. Si les phénomènes naturels ne peuvent être maîtrisés, il est urgent, pour conserver ce patrimoine naturel menacé, de canaliser nos actions.
Certaines initiatives en faveur des récifs coralliens ont été prises. Ainsi, la protection des récifs coralliens et des écosystèmes associés (comme les mangroves et les herbiers) a été l'une des priorités de l'Agenda 21 lors de la conférence de Rio de Janeiro (Brésil) en 1992. Deux ans plus tard, les États-Unis ont lancé une action multilatérale de gouvernements et d'organisations : l'Initiative internationale pour les récifs coralliens (I.C.R.I.), premier et vaste mouvement international d'information et de sensibilisation en faveur de la protection des récifs et de la surveillance continue de l'état de santé des récifs. L'I.C.R.I. regroupe aujourd'hui 102 États, dont les huit pays fondateurs (les États-Unis, la France, l'Australie, le Royaume-Uni, le Japon, la Jamaïque, les Philippines et la Suède), et des institutions, notamment le P.N.U.E.[...]
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Écrit par
- Pascale JOANNOT : ingénieure de recherche, habilitée à diriger des recherches, chargée des relations avec l'outre-mer au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
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