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RECLUS DE MOLLIENS BARTHÉLEMY dit LE (XIIIe s.)

On identifie le Reclus de Molliens avec l'abbé de Saint-Fuscien, près d'Amiens (1225-1231), qui aurait d'abord vécu enfermé dans une recluserie attachée à l'église de Molliens-Vidame. On lui attribue deux grandes œuvres qui témoignent d'une solide formation rhétorique et d'une culture étendue. Son Roman de Charité ou Carité appartient à la tradition édifiante mise à la mode par les Vers de la Mort d'Hélinand de Froidmont (en Beauvaisis). L'originalité de ce roman n'est donc pas dans la versification (242 strophes, dites d'Hélinand), ni dans son style de prédicateur, ni dans les thèmes satiriques, mais dans la forme allégorique qui donne son unité et son sens au récit. Il s'agit d'une quête : Carité a quitté la France et Rome pour se réfugier dans la Jérusalem céleste ; partant à sa recherche, on visite tous les « états du monde », c'est-à-dire les conditions sociales. Le Miserere (273 strophes) a été composé quelques années plus tard. Le parti pris satirique y est encore plus évident, tandis que les avertissements au lecteur se font plus directs, en vue de lui insuffler l'énergie nécessaire à la vie religieuse telle que l'entend notre reclus. La trame allégorique n'est plus que fragmentaire, surgissant de temps en temps pour suggérer la glose qui se présente comme « la moelle des os ». Ainsi, le paradis est présenté comme un beau verger entouré de murailles, l'âme comme une maison protégée par des gardiens contre les tentations des cinq sens. Interviennent des personnifications comme Peur, Mesdit, Oiseuse. Le symbole de la rose est cité pour évoquer les Vierges martyres. On reconnaît là les éléments d'un allégorisme qui trouvera sa perfection poétique avec le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris.

— Daniel POIRION

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-Sorbonne

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