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RÉFLEXIONS SUR L'IMITATION DES ŒUVRES GRECQUES EN PEINTURE ET EN SCULPTURE, Johann Joachim Winckelmann Fiche de lecture

Ruine de l'imitation, naissance du principe d'originalité

Enfin, les Réflexions laissent également pendante la question cruciale du rapport entre imitation et originalité. « La seule manière pour nous de devenir grands, et même, si cela se peut, inimitables, c'est d'imiter les Anciens », écrit Winckelmann dans une paraphrase de La Bruyère. En choisissant d'entrechoquer deux termes, « inimitable » (unnachahmlich) et « imitation » (Nachahmung) au cœur de sa formule, l'auteur jette cependant d'emblée le soupçon sur le compromis proposé. Comment devenir inimitable par l'imitation ? Est-il possible tout à la fois d'imiter et de dépasser un modèle donné comme parfait ? D'emblée, l'accord initialement trouvé entre l'originalité et l'imitation paraît bien fragile – une impression que confirment d'ailleurs les œuvres ultérieures de l'auteur. Dès la fin des années 1750, l'imitation n'a plus pour Winckelmann la force d'un dogme uniformément positif. Elle est devenue un concept ambigu, qu'il faut sauver de ses virtualités négatives. L'Histoire de l'art dans l'Antiquité (1764) apporte à cette ruine progressive du concept d'imitation une conclusion abrupte. Parmi les quatre périodes qu'il distingue dans l'histoire de l'art grec, c'est à la quatrième, c'est-à-dire à celle de la décadence, que Winckelmann réserve en effet la pratique de l'imitation. La Nachahmung est désormais considérée comme un symptôme de déclin et ses tenants sont dorénavant affublés du titre peu prestigieux d'« éclectiques ».

— Elisabeth DÉCULTOT

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