RÉGÉNÉRATION HÉPATIQUE
Hétérogénéité des hépatocytes vis-à-vis de la régénération
Tous les hépatocytes ont la capacité de participer au renouvellement du foie, mais tous n’ont pas la même aptitude à le faire. Les hépatocytes situés en zone 2 (zone médiolobulaire) sont majoritairement responsables de l’homéostasie du foie. En condition d’agression et selon le type de lésion, différentes sous-populations d’hépatocytes participent préférentiellement à la régénération. À titre d’exemple, certains hépatocytes situés en zone 1, appelés « hépatocytes hybrides » – car ils partagent certaines caractéristiques avec les cellules qui bordent les canaux biliaires (cholangiocytes) –, ont une capacité proliférative accrue après agression toxique. De même, les hépatocytes exprimant à fort niveau la télomérase (une enzyme permettant de maintenir la taille de l’extrémité des chromosomes au cours de divisions successives), distribués dans l’ensemble du lobule, sont plus à même de reconstituer la masse perdue que ceux qui l’expriment à bas niveau. On découvre ainsi une extraordinaire diversité des hépatocytes, non seulement fonctionnelle – dépendant de la zonation – mais également proliférative – dépendant de certaines de leurs caractéristiques intrinsèques.
Si l’hépatocyte est au cœur du processus de régénération, les cellules de l’environnement, et notamment celles responsables de la réponse inflammatoire, participent aussi activement à cette réparation tissulaire. Les premières cellules impliquées sont les macrophages et les lymphocytes via leur sécrétion de messagers moléculaires. Les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins sécrètent également des médiateurs essentiels à la prolifération hépatocytaire, les hépatocytes en division étant significativement plus proches des cellules endothéliales que ceux qui ne se divisent pas (Ding et al., 2010). Enfin, on a récemment montré que les cellules étoilées, responsables du stockage de la vitamine A et connues pour leur rôle facilitateur de la fibrose au cours des maladies chroniques hépatiques, induisent également la prolifération des hépatocytes par leur sécrétion de neurotrophine 3, une petite protéine nécessaire au bon fonctionnement du système nerveux périphérique (Gilgenkrantz, 2023). Il faut souligner ici l’équilibre délicat entre ces médiateurs. En effet, dans certaines conditions pathologiques, leur excès peut avoir un effet contraire et inhiber la régénération hépatique.
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Écrit par
- Hélène GILGENKRANTZ : directrice de recherche INSERM
Classification
Médias