RÉGÉNÉRATION HÉPATIQUE
L’hépatocyte lors de la régénération du foie en conditions pathologiques
Dans certaines conditions pathologiques chroniques, la régénération du foie est inhibée. Dans ces contextes spécifiques, la participation d’un réservoir de cellules souches à la régénération a été suggérée. Chez le rongeur, lorsque la prolifération des hépatocytes est inhibée, une population de petites cellules appelées « cellules ovales », du fait de la forme particulière de leur noyau, a été mise en évidence. Ces cellules colonisent les régions périportales du foie et sont capables de se différencier en hépatocytes ou en cholangiocytes. Elles se comportent donc comme des cellules souches ou progénitrices. Chez l’homme, lors de maladies chroniques du foie aboutissant à une fibrose extensive (cirrhose du foie) ou encore à une accumulation de lipides induisant une maladie appelée stéatose (Allaire & Gilgenkrantz, 2018 ; Gilgenkrantz & Collin de l’Hortet, 2018), la capacité régénératrice du foie est altérée. Apparaissent alors des cellules dites progénitrices transitoires ressemblant aux cellules ovales du rongeur, dont le profil d’expression est à l’interface entre l’hépatocyte et le cholangiocyte, et dont l’organisation tridimensionnelle forme des ébauches de canaux appelées réaction ductulaire. Chez le rongeur, ces cellules transitoires dérivent d’hépatocytes matures dédifférenciés et non de cellules souches (Gilgenkrantz, 2015). Dans certaines conditions d’agression extrême, la capacité proliférative des hépatocytes est totalement bloquée et les cholangiocytes peuvent même se différencier en hépatocytes, mais cette évolution reste très minoritaire (Pu et al., 2023). On ne trouve donc pas de véritables cellules souches du foie, mais on observe une certaine plasticité compensatrice de cellules hépatiques. Même s’il est tentant de trouver des moyens de promouvoir cette réaction ductulaire dans une optique thérapeutique, il n’existe encore actuellement aucun argument solide permettant d’affirmer qu’elle puisse réellement pallier le défaut de régénération hépatique (Gilgenkrantz & Collin de l’Hortet, 2018).
Il est essentiel de comprendre les mécanismes en jeu dans la régénération hépatique pour promouvoir des thérapeutiques de la réparation du foie. À ce jour, il n’existe pas de traitement efficace pour résorber la fibrose ou empêcher l’évolution de la stéatose hépatique. Cependant, de nombreux essais cliniques sont en cours et certaines des molécules pharmacologiques testées, qui agissent sur une protéine clé de la régénération, pourraient à la fois freiner la progression des maladies chroniques du foie et améliorer la régénération (Zwirner et al., 2024).
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Écrit par
- Hélène GILGENKRANTZ : directrice de recherche INSERM
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Médias