REGGAE, musique
L'héritage du reggae
Le travail sur le son du compositeur et producteur jamaïcain Lee « Scratch » Perry, ancien animateur de sound-systems*, préfigure bien des expérimentations futures, des techniques de dijiing* du hip-hop aux collages du trip-hop. Les harmonies vocales sont mises en valeur avec Toots & The Maytals ou The Wailers. La rythmique de style rockers* ou one drop*, plus lente, est personnifiée par le tandem Robbie Shakespeare (basse)-Sly Dunbar (batterie), qui accompagnera Serge Gainsbourg.
En Grande-Bretagne, pays de forte immigration jamaïcaine, le poète Linton Kwesi Johnson perpétue la tradition du dub alors que des groupes comme Aswad ou Steel Pulse reproduisent assez fidèlement le reggae jamaïcain.
Après le décès de Bob Marley en 1981, le reggae original (« reggae roots ») décrivant la vie dans le ghetto et la quête spirituelle d'une communauté à du mal à se maintenir avec l'arrivée des formes plus synthétiques comme le reggae digital (improprement appelé raggamuffin en France). Les thématiques évoluent avec la monté de la violence dans l'île. Yellowman se fait connaître en Europe avec des textes humoristiques mais souvent misogynes. Shabba Ranks possède un timbre forcé et granuleux qui sert ses textes à caractère érotique ; sa technique vocale lui permet de développer un chant « primitif » au premier abord mais qui se révèle d'une richesse sans pareille dans le groove* et la variété du phrasé ; le caractère volontairement limité des mélodies produit des effets de pédales par rapport aux instruments harmoniques.
Dans les années 1980, le reggae va influencer le rock anglais, en particulier celui de The Police, avec la voix de Sting ou le jeu de batterie polyrythmique de Stewart Copeland. Dans les années 1990, le langage musical du reggae a tendance à se diluer ou a être réinterprété sous diverses formes. Les Américains d'origine haïtienne de Fugees accomplissent le crossover* en donnant une version hip-hop de No Woman no Cry, l'Ivoirien Alpha Blondy devient la star du reggae africain, la jungle utilise le matériau en radicalisant certaines caractéristiques du dub (comme les infra-basses), Chaka Demus et Pliers s'ouvrent au grand public avec des accents de soul music. En France, le reggae conquiert un nouveau public d'adolescents avec les succès de Tryo, de Pierpoljak ou de Baobab.
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Écrit par
- Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore
Classification
Médias
Autres références
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Bam, bam, CHAKA DEMUS & PLIERS
- Écrit par Eugène LLEDO
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DEKKER DESMOND (1942-2006)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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Chanteur jamaïcain de reggae. De son véritable nom Desmond Dacres. Leslie Kong, un des propriétaires du label jamaïcain de reggae, de ska et de rocksteady Beverley, lui fait enregistrer en 1968 le morceau de ska Israelites, qui connaît un succès mondial. La mort de Kong, en 1971, le conduit à...
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DJ (disc-jockey)
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...qui s’use rapidement. Cette méthode permet à ceux qui ne peuvent pas se fournir en nouveautés à l'étranger de se différencier par des titres originaux. La production locale de ce qui deviendra quelques années plus tard le reggae naît donc des besoins des DJ et rencontrera rapidement les faveurs du public.... -
DUBE LUCKY (1964-2007)
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