- 1. La fin sans gloire de la IIIe République
- 2. L'instauration d'un nouveau régime
- 3. La « Révolution nationale » : une révolution culturelle
- 4. La répression, caractéristique inhérente à la « Révolution nationale »
- 5. La coupure de novembre 1942 et les pièges de la collaboration d'État
- 6. Les soutiens du régime et les ambivalences de l'opinion publique
- 7. La fin pitoyable d'un régime policier
- 8. Les mémoires du régime de Vichy
- 9. Bibliographie
VICHY RÉGIME DE
Entre juillet 1940 et août 1944, les Français eurent à supporter à la fois la sujétion de l'occupant allemand et les contraintes de plus en plus lourdes, au fil des ans, du régime le plus autoritaire et le plus répressif que la France ait connu au xxe siècle. Si la grande majorité des Français firent d'abord confiance au maréchal Pétain pour faire face à la grave crise d'identité nationale provoquée par la déroute de mai-juin 1940, ils se détachèrent progressivement du régime de « l'État français » qui s'était installé bon gré mal gré dans la ville de Vichy. À la fois parce qu'il devenait un régime de plus en plus policier et parce qu'il se faisait le complice de l'occupant, notamment dans la persécution des Juifs de France. L'Occupation a sans doute profondément marqué la génération des Français des années noires, mais c'est Vichy qui continue de susciter les enjeux de mémoire les plus vivaces, dans lesquels on doit inclure l'ambivalence des attitudes du Français moyen.
La fin sans gloire de la IIIe République
En 1945, dans la classe politique issue de la IIIe République, on expliquait couramment le régime de Vichy en évoquant un complot qu'aurait fomenté Philippe Pétain pour prendre le pouvoir et abattre la République. Ce grief, finalement retenu par l'accusation lors du procès qui fut intenté à l'ancien chef de l'État français en juillet-août 1945, permettait d'éluder les responsabilités de nombreux acteurs de l'été de 1940.
En fait, Vichy naît du profond traumatisme causé par la mise en déroute, en moins de six semaines (entre le 10 mai et le 22 juin 1940), de l'armée française, elle qui passait pour la meilleure du monde, et de la crise d'identité nationale d'une ampleur exceptionnelle qui s'ensuivit. C'est de ce traumatisme que témoigne aussi l'exode, cette grande peur qui fit déferler, en mai et juin 1940, quelque 7 à 8 millions de femmes et d'hommes sur les routes du nord de la Loire. La déliquescence de la classe politique, faisant de Philippe Pétain, ultime président du Conseil de la IIIe République, son unique recours, comme le hara-kiri des parlementaires, qui lui délèguent le 10 juillet 1940 les pouvoirs constituants et lui donnent un blanc-seing pour gouverner, fournirent au régime de Vichy une apparence légale incontestée à l'époque par les Français.
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Écrit par
- Jean-Pierre AZÉMA : professeur des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris
Classification
Médias
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