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VICHY RÉGIME DE

La répression, caractéristique inhérente à la « Révolution nationale »

Le régime de Vichy, comme tous les régimes autoritaires, mena une politique discriminatoire ou répressive contre ceux qu'il jugeait irrécupérables et, a fortiori, dangereux. Il estima qu'il fallait, en tout cas, mettre hors d'état de nuire les défenseurs de la « gueuse » (Charles Maurras), autrement dit les tenants de la République, de la démocratie libérale ; et qu'il lui incombait encore plus nettement de poursuivre ou d'exclure ce qu'il appelait « l'Anti-France », c'est-à-dire ceux qui passaient pour avoir soutenu activement le Front populaire : les communistes, qui devaient être continûment pourchassés, les francs-maçons qui devaient être exclus politiquement et enfin les Juifs, accusés notamment d'être à l'origine d'une croisade idéologique contre le Reich et dont, au nom d'un antisémitisme d'État, il convenait de réduire ce qui passait pour une influence économique, politique et sociale, démesurée et pernicieuse.

La lutte sans merci contre « l'ennemi intérieur »

Des personnalités connues de « l'ancien Régime » furent poursuivies par des juges aux ordres : ainsi Pierre Mendès France et Jean Zay furent condamnés à des peines de prison sur le chef d'inculpation spécieux d'abandon de poste devant l'ennemi. Pétain, lui-même, en vertu de ses pouvoirs discrétionnaires, faisait enfermer dans un fort Paul Reynaud, avant-dernier président du Conseil, et Georges Mandel qui fut son ministre de l'Intérieur. Une « Cour suprême de justice » fut chargée de diligenter une instruction contre d'anciens ministres. Elle servira de base juridique au procès de Riom, qui s'ouvrit en février 1942 (et fut renvoyé, sine die, sous la pression du Reich, deux mois plus tard) contre cinq inculpés, dont trois parlementaires et deux anciens présidents du Conseil, Léon Blum et Édouard Daladier. Quant aux fonctionnaires, et notamment les grands commis de l'État, qui passaient pour avoir trop bien servi la République, ils furent démis de leurs fonctions (en décembre 1940 déjà, une trentaine de membres de la Préfectorale, dont Jean Moulin, avaient été mis à la retraite).

Les communistes avaient été, dès septembre 1939, poursuivis, condamnés, emprisonnés. Vichy, non seulement durcit la législation, mais surtout mena une politique répressive féroce qui décimait les militants. La lutte anticommuniste systématique devient encore plus nettement prioritaire après l'invasion de l'U.R.S.S. par la Wehrmacht (juin 1941). À Paris, deux brigades spéciales – de sinistre mémoire – filent, arrêtent, torturent, avant de les livrer à l'occupant, les résistants communistes. Des Cours spéciales, instituées en août 1941, jugent avec une sévérité toute particulière les inculpés communistes, dont certains sont guillotinés.

Pour nombre de Vichyssois, les loges maçonniques fomentaient un complot permanent aux ramifications internationales qui saperait l'œuvre de redressement national. Dès le 13 août 1940, une loi interdisait les « sociétés secrètes », et parmi elles, avant tout, les diverses obédiences maçonnes. Et il était spécifié que les fonctionnaires devaient rompre toute attache avec elles. Un an plus tard, non seulement les « dignitaires » étaient nominalement désignés au public, mais ils étaient presque totalement exclus de la fonction publique.

Nationalisme fermé et antisémitisme d'État

L'une des caractéristiques de l'idéologie de la « Révolution nationale » est – pour reprendre une formulation de Michel Winock – son « nationalisme fermé », engendré par une très profonde xénophobie. Cette xénophobie, véhiculée depuis plusieurs décennies par le national-populisme, avait engendré, dès les années 1890, un antisémitisme redoutable[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris

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Médias

Défaite de la France en 1940 - crédits : National Archives

Défaite de la France en 1940

Rafle du Vel d’Hiv - crédits : mémorial de la Shoah/ coll. BHVP

Rafle du Vel d’Hiv

Pétain et Hitler à Montoire, 1940 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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