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VICHY RÉGIME DE

La fin pitoyable d'un régime policier

Ceux qui tenaient le haut du pavé parisien, des militants de l'ultra droite, des journalistes (notamment ceux de Je suis partout), des écrivains (Drieu La Rochelle, Céline à cause de son antisémitisme obsessionnel, Brasillach, Rebatet...) en bénéficiant de la bienveillance de l'occupant, ceux qui se dénommeront les collaborationnistes n'avaient cessé de critiquer Vichy, eux qui exigeaient une alliance placée sous le signe de la croix gammée et se réclamaient volontiers du nazisme. Les hommes de Vichy avaient réussi, jusqu'à l'automne de 1943, à garder relativement leurs distances avec ces ultras. Mais, à compter de la montée en puissance de la Milice, en 1944, s'instaure, au nom notamment de l'anticommunisme, une solidarité de fait entre les uns et les autres.

La Milice naît, en janvier 1943, de la volonté tenace d'activistes de l'ultra droite, issus de la Légion des combattants, qui se réclamaient alors d'un pétainisme autoritaire et répressif. Elle peut se doter progressivement d'une Franc-Garde encasernée et armée grâce à l'entremise de la SS (à laquelle prêtent serment les principaux chefs miliciens). Sous la pression allemande émerge en janvier 1944 un État milicien, puisque ses responsables contrôlent désormais l'administration pénitentiaire, la propagande (avec Philippe Henriot, qui était un tribun redouté) et surtout l'ensemble des forces de police, placées sous la férule de Joseph Darnand, secrétaire général de la Milice, promu secrétaire d'État au Maintien de l'ordre. Les miliciens allaient symboliser le Vichy répressif et complice de l'occupant.

Pétain et Laval avaient cru, au printemps de 1944, pouvoir tirer leur épingle du jeu, en prônant la neutralité, prenant ainsi leurs distances avec les ultras de la collaboration. Mais, en août 1944, le Reich allait les forcer, eux et leurs ministres, à gagner l'Allemagne, où, à Sigmaringen, le château des Hohenzollern abrita les décombres de l'État français. Si Pétain décida de faire la grève de ses fonctions, une partie de ses ministres jouent à la comédie d'un pouvoir de plus en plus fantomatique, tandis que les activistes étaient regroupés dans la division de Waffen-SS Charlemagne, avant d'être balayés par l'Armée rouge. Les survivants comme les autres collaborationnistes et certains responsables vichyssois eurent à affronter la saison des juges.

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Écrit par

  • : professeur des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Médias

Défaite de la France en 1940 - crédits : National Archives

Défaite de la France en 1940

Rafle du Vel d’Hiv - crédits : mémorial de la Shoah/ coll. BHVP

Rafle du Vel d’Hiv

Pétain et Hitler à Montoire, 1940 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Pétain et Hitler à Montoire, 1940

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