RESNIK REGINA (1922-2013)

Présente pendant plus de quarante ans sur les plus grandes scènes d’opéra, la cantatrice américaine Regina Resnik passa avec brio du registre soprano à celui de mezzo-soprano. Surtout connue pour ses talents d’interprétation dramatique, elle se produisit à plus de trois cents reprises au Metropolitan Opera (Met) de New York de 1944 à 1983.

Regina Resnik naît le 30 août 1922. Elle appartient à une famille de juifs ukrainiens installée dans le quartier new-yorkais du Bronx. Elle étudie au Hunter College de New York, où elle obtient un diplôme d’éducation musicale en 1942. La même année, elle fait ses débuts à New York, dans le rôle de Lady Macbeth (Macbeth, Giuseppe Verdi), sous la direction de Fritz Busch. Deux ans plus tard, elle apparaît pour la première fois sur la scène du Met, remplaçant au pied levé Zinka Milanov dans le rôle de Leonora (Le Trouvère, Verdi). En quelques semaines, elle y enchaîne de nombreux rôles exigeants, notamment Santuzza (Cavalleriarusticana, Pietro Mascagni), Aïda (Aïda, Verdi) et Leonore (Fidelio, Beethoven). Elle ajoute progressivement à son répertoire Ellen Orford (Peter Grimes, Benjamin Britten), Alice Ford (Falstaff, Verdi), Donna Anna et Donna Elvira (Don Giovanni, Wolfgang Amadeus Mozart), Sieglinde (La Walkyrie, Richard Wagner) et bien d’autres rôles.

Vers le milieu des années 1950, sa voix commence à s’assombrir. Regina Resnik décide alors de passer au répertoire pour mezzo-soprano. Après un an de travail, elle revient sur scène en 1955 dans des rôles tels que Clytemnestre (Elektra, Richard Strauss), Mistress Quickly (Falstaff), la Comtesse (La Dame de pique, Piotr Ilitch Tchaïkovski), Eboli (Don Carlos, Verdi), Carmen (Carmen, Georges Bizet), Azucena (Le Trouvère) et Herodias (Salomé, Richard Strauss). Elle interprète par ailleurs la Baronne dans Vanessa de Samuel Barber lors de sa création mondiale au Met en 1958 et chante le rôle de Claire à l’occasion de la première américaine, à San Francisco, de La Visite de la vieille dame deGottfried von Einem en 1972.

Regina Resnik se produit également sur les plus grandes scènes d’Europe, où elle connaît un immense succès. Elle chante ainsi Sieglinde sous la baguette de Clemens Krauss pour ses débuts à Bayreuth en 1953 (avant son passage au registre de mezzo-soprano) et revient en 1961 dans une Walkyrie (Fricka) dirigée par Rudolf Kempe. Apparue pour la première fois à Covent Garden en 1957, elle y interprète d’abord Carmen, mais aussi Marina (Boris Godounov, Modest Moussorgski), Mistress Quickly et Clytemnestre. Elle reprend la partition de Carmen pour ses débuts à Vienne, en 1957, sous la direction d’Herbert von Karajan, puis y interprète Brangäne (Tristan und Isolde, Wagner) sous la direction de Georg Solti en 1960. Elle débute cette année-là à Salzbourg, dans le rôle de la princesse Eboli.

La discographie de Regina Resnik reflète parfaitement les rôles emblématiques de sa carrière. Ses interprétations de Sieglinde (1953, Bayreuth, dir. C. Krauss), Carmen (1962, dir. Thomas Schippers), Mistress Quickly (1966, dir. Leonard Bernstein), Clytemnestre (1967, dir. G. Solti) et la Comtesse (1977, dir. Mstislav Rostropovich) font encore référence.

À la fin de sa carrière, Regina Resnik s’oriente vers le théâtre musical : elle se produit notamment dans Cabaret de John Kander et Fred Ebb de 1987 à 1988 et incarne en 1990 Mme Armfeldt dans A Little Night Music de Stephen Sondheim. La cantatrice s’essaie aussi à la mise en scène, notamment en 1971 pour les productions d’Elektra à Venise et de Carmen à Hambourg. Elle meurt le 8 août 2013, à New York.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS