RÉGION ATLANTIQUE, Canada
La région atlantique du Canada est constituée des quatre provinces situées à l’est du pays : le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard – les « provinces maritimes » ou les Maritimes – ainsi que Terre-Neuve-et-Labrador. Elle comprend aussi l’archipel des Îles-de-la-Madeleine sis dans le golfe du Saint-Laurent et faisant partie du Québec. Faiblement peuplée par rapport aux provinces de l’Ouest et majoritairement anglophone, la région atlantique s’étend sur près de 539 000 kilomètres carrés. La dispersion de la population, couplée à l’éloignement des marchés et à une économie plutôt fragile en raison de sa dépendance à l’égard de certaines ressources, contribue à la persistance de fortes disparités régionales au sein du Canada et ce, dans plusieurs sphères de l’activité socio-économique, constituant un frein majeur au développement de ce vaste territoire.
Bien que les quatre provinces de l’Atlantique soient très hétérogènes, elles possèdent plusieurs similitudes sur les plans géographique et économique. Parmi celles-ci, soulignons leur insertion à l’intérieur d’un large environnement marin, la faiblesse des pôles d’intégration et de croissance, le déséquilibre de la structure de peuplement, la richesse du potentiel biophysique et la forte saisonnalité des emplois. En dépit de ces dénominateurs communs, la région atlantique se distingue par la diversité de ses ressources, du climat, de la végétation, de la topographie, de la physiographie, de la vie fonctionnelle et de la nature des paysages humanisés (c’est-à-dire façonnés par l’homme et protégés).
Population et peuplement
La diversité ethnique et la présence autochtone constituent le trait commun qui caractérise l’histoire de la région atlantique, malgré de nombreuses différences – persistantes – entre Terre-Neuve-et-Labrador et les Maritimes, liées à des processus spécifiques de colonisation durant plusieurs siècles. Si l’arrivée des premiers Européens, au début du xviie siècle, et, par la suite, celle des loyalistes (les colons américains loyaux à la Couronne britannique lors de la révolution américaine) ont favorisé l’accélération du peuplement du Nouveau-Brunswick et du Bas-Canada, celui-ci s’est effectué plus tardivement à Terre-Neuve-et-Labrador. En fait, il faut attendre le début du xixe siècle pour que le peuplement de cette province prenne vraiment son expansion, provoquée par la poussée d’immigrants venus d’Irlande et d’Angleterre.
La mise en valeur des ressources, en particulier la pêche et l’exploitation de la forêt, a dicté l’organisation du tissu de peuplement et la formation de l’écoumène le long des côtes. La lenteur de la pénétration des effectifs humains n’a pas favorisé l’essor de villes importantes à l’intérieur des terres. Par exemple, au Nouveau-Brunswick, la population de Fredericton n’atteignait que 6 200 habitants en 1861 alors que celle de Saint-Jean, sur la baie de Fundy, s’établissait à 45 000 en 1871. Force est d’admettre que la région atlantique fut aussi délaissée par les immigrants, au détriment de l’Ouest, où le processus d’industrialisation était déjà bien entamé. Certaines villes portuaires, comme Halifax (Nouvelle-Écosse), Saint-Jean et St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador), se sont toutefois inscrites en faux avec cette tendance générale. C’est aussi le cas de Moncton (Nouveau-Brunswick) qui, à l’aube de la Confédération canadienne, devient dans les années 1870 le siège des ateliers du chemin de fer Intercolonial, qui redonne un second souffle à l’économie de cette ville.
L’éparpillement de la population n’a pas contribué à la formation de métropoles, si bien qu’aucune ville ne réussit à polariser l’activité de sa province, réduisant ainsi la portée des économies d’agglomération. L’Île-du-Prince-Édouard,[...]
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Écrit par
- Majella SIMARD : docteur en développement régional, professeur de géographie à l'université de Moncton, Nouveau-Brunswick (Canada)
Classification
Médias