RÉGION ATLANTIQUE, Canada
Défis démographiques, économiques et environnementaux
La région atlantique est soumise à de multiples défis, sur les plans démographique, économique et environnemental. Concernant ce dernier, les changements climatiques apportent leur lot de conséquences, à la fois positives et négatives. Par exemple, l’allongement de la saison touristique et végétative, en raison du réchauffement, favorise l’essor de nouvelles cultures, comme celle de la vigne, du cantaloup, de la poire et de la cerise noire dans la vallée d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse. Toutefois, l’érosion, due à la montée des eaux, menace plusieurs localités côtières de la péninsule acadienne, de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse. Les épisodes de verglas, comme celui qu’a connu le nord-ouest du Nouveau-Brunswick à l’hiver 2017, ainsi que les inondations printanières le long de la rivière Saint-Jean, semblent aussi avoir tendance à augmenter en fréquence et en intensité. Le réchauffement climatique augmente également la prolifération d’agents pathogènes et autres espèces invasives susceptibles de menacer la pérennité de la forêt. À ces phénomènes s’ajoutent les tempêtes post-tropicales de plus en plus dévastatrices, comme les ouragans Dorian en 2019 ou Fiona en 2022.
Sur le plan démographique, le vieillissement se manifeste avec beaucoup plus d’acuité dans la région atlantique que dans le reste du pays. Il est alimenté par la dénatalité, l’accroissement du nombre de personnes âgées ainsi que par les migrations, dont le solde interprovincial, sauf pour Terre-Neuve-et-Labrador, est le plus souvent négatif depuis les années 2000. De même, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard et bien que le phénomène soit plus récent au Nouveau-Brunswick, la région atlantique affiche, d’une année à l’autre, un accroissement naturel négatif. Certaines villes, notamment celles du nord du Nouveau-Brunswick, sont en décroissance, une tendance qui est apparue de façon sporadique dans les années 1980 et qui s’est poursuivie jusqu’aux années 2010. Plusieurs espaces ruraux souffrent aussi de dépeuplement à un point tel que certains villages sont menacés de fermeture. À l’opposé, des villes, comme Moncton et Halifax, et leur périphérie immédiate, connaissent une très forte croissance de leur population, imputable surtout aux migrations intraprovinciales. En outre, le maintien du fait français et, plus spécifiquement, le droit des Acadiens à obtenir des services de qualité dans leur langue, représentent un enjeu politique récurrent surtout pour le Nouveau-Brunswick, la seule province officiellement bilingue du Canada, dont la proportion de francophones tend cependant à diminuer d’un recensement à l’autre.
Au chapitre de l’économie, la diversification, la recherche et le développement, les conflits d’usage dans l’exploitation et la protection des écosystèmes et des ressources ainsi que leurs deuxième et troisième transformations sont autant de défis que la région atlantique sera amenée à relever dans un avenir proche. Par ailleurs, la qualité du milieu écologique, la disponibilité de l’espace, la culture et la dualité linguistique constituent des atouts considérables pour stimuler le développement régional. Dans la même perspective, la mise en œuvre d’une stratégie d’aménagement à l’échelle des quatre provinces atlantiques favoriserait une occupation plus équilibrée du territoire, une meilleure répartition des services et des activités socio-économiques et, donc, une plus grande équité sociale et territoriale.
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Écrit par
- Majella SIMARD : docteur en développement régional, professeur de géographie à l'université de Moncton, Nouveau-Brunswick (Canada)
Classification
Médias