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RÉHABILITATION PSYCHOSOCIALE

La réhabilitation psychosociale vise à un rétablissement global des personnes souffrant de troubles psychiques chroniques et invalidants. Dépassant l’approche purement médico-psychiatrique, elle s’inscrit dans un double mouvement psychosocial et médico-sanitaire, et prend en compte aussi bien les sphères psychocorporelles et sociales que culturelles et familiales. Pour pallier les fragilités de la personne souffrante, elle s’appuie sur ses potentialités et ses ressources préservées autant cognitives, relationnelles que familiales. Elle vise à stimuler ses capacités adaptatives, transformatrices et créatrices, lui permettant un réinvestissement corporel, psychique et social de qualité.

Pour proposer des solutions précises et adaptées à chaque patient, la réhabilitation psychosociale se fonde sur des conceptions éthiques, philosophiques, psychiatriques, neuropsychologiques et scientifiques, et regroupe des expériences thérapeutiques variées.

Historique

Origines

Au xixe siècle et jusqu’à la première moitié du xxe siècle, les malades mentaux sont le plus souvent internés de façon durable dans des asiles d’aliénés. L’isolement est alors perçu comme une solution salutaire tant pour les « insensés » que pour la société. Dans les faits, il provoque l’exclusion des malades et de nombreuses dérives (violences institutionnelles dans un univers totalitaire, internements abusifs, etc.). À partir des années 1950, des traitements pharmacologiques efficaces contre les états délirants ainsi que contre les troubles anxieux et de l’humeur permettent de stabiliser l’état de certains patients et de rendre possibles des permissions ou des sorties définitives de l’hôpital psychiatrique. Un suivi ambulatoire extrahospitalier peut dès lors être envisagé. La réhabilitation psychosociale émerge dans ce contexte à travers de nombreux pays, notamment à partir des années 1970. S’il existe des variations dans ses modèles théoriques et ses démarches thérapeutiques, ceux-ci ont néanmoins tous pour point commun le refus de l’exclusion familiale, professionnelle et sociale des personnes atteintes de troubles mentaux.

Certains pays, particulièrement attachés aux conceptions hospitalières, font émerger la réhabilitation psychosociale de façon prudente alors que d’autres s’engagent dans des initiatives novatrices. Aux États-Unis, dans les années 1980, les patients atteints de troubles mentaux se réunissent en association comme la WANA (acronyme de WeAreNotAlone) ou créent eux-mêmes des club-houses au rayonnement international. Ils luttent pour leur déstigmatisation et leur reconnaissance en tant que citoyens à part entière. En Italie, un peu plus tôt, en 1978, le psychiatre Franco Basaglia dénonce les violences du système asilaire et obtient, grâce à la loi 180, la fermeture des hôpitaux psychiatriques. Au Royaume-Uni, dans les années 1970, ce sont des psychiatres qui se regroupent au sein d’un mouvement antipsychiatrique pour dénoncer des pratiques thérapeutiques inadaptées aggravant la chronicité des syndromes des maladies mentales.

Au niveau international, la World Association for Psychosocial Rehabilitation (WAPR) est créée en 1986. Avec elle, l’OMS, qui déjà en 1946 définissait la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social et qui ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité », fixe dix ans plus tard les objectifs de la réhabilitation psychosociale : « la réduction des symptômes de la maladie mentale et les effets secondaires des traitements médicamenteux ; le développement des compétences sociales ; le travail d’information et de lutte contre la discrimination dont sont victimes les personnes souffrant de troubles mentaux ; l’organisation des actions autour de la place centrale de l’usager et l’accompagnement des familles et des proches ». La convention des Nations unies de 2006 relative[...]

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Écrit par

  • : psychiatre, ancien chef de pôle de secteur de psychiatrie adulte et consultant auprès de l'Œuvre Falret

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