RÉHABILITATION PSYCHOSOCIALE
Conceptions et caractéristiques de la réhabilitation psychosociale
Les conceptions de la réhabilitation psychosociale sont formulées par des psychologues et des psychiatres, mais aussi par des personnes soignées.
Parmi les chercheurs, la psychiatre Marianne Farkas préconise, pour aider la personne souffrant de maladies mentales graves, des interventions qui optimisent ses capacités persistantes et atténuent ses difficultés liées à des conduites déficitaires et anormales. Toutefois, c’est avec le moins d’interventions professionnelles possible que le patient finit, selon elle, par éprouver des satisfactions dans le milieu de son choix. Robert Paul Liberman, psychiatre également, met l’accent sur les apprentissages dont les procédés favorisent la récupération de leur fonctionnement optimum. Les psychiatres Laurent Morin et Nicolas Franck synthétisent quant à eux les travaux de William Anthony et définissent des valeurs clés de la réhabilitation sociale. À la nécessité de considérer la personne en souffrance « dans son ensemble plutôt que dans sa maladie » s’ajoute le fait de donner la priorité « à l’accomplissement de ses activités quotidiennes ». Est également valorisé le contexte de vie, de travail, de loisir et d’apprentissage du patient qui estime lui-même la durée de son accompagnement. Les résultats ainsi que la réussite et la satisfaction de la personne souffrante la rendent – indépendamment de ses difficultés psychiques – « partenaire à part entière dans ses choix et ses préférences ». La finalité de chacune de ces approches correspond au bien-être et à l’autonomie pour Farkas, aux moyens techniques et aux apprentissages mis en œuvre pour Liberman et aux conditions de succès pour Morin et Franck.
Parmi les soignés, certains créent et gèrent des club-houses. Dans le cadre de ces structures associatives, ils énoncent de nouvelles exigences tant pour eux-mêmes que pour les équipes médicosociales. Ils souhaitent que le patient utilise au mieux ses capacités cognitives afin d’améliorer ses compétences et surmonter ses comportements inadaptés. Ils veulent également que la priorité soit mise sur l’apprentissage des habilités sociales ainsi que sur l’insertion professionnelle plutôt que sur la disparition des symptômes cliniques. Ils affirment ainsi la priorité du social sur le médical ce qui implique l’autodétermination et la prise de décision du patient conscient des limites que lui impose sa maladie. Les intervenants sont également au cœur de leur réflexion et des propositions qui en découlent. Parmi celles-ci, il convient pour les soignants de tenir compte des besoins spécifiques de chaque patient, d’individualiser les actions et les services et d’adapter l’environnement proche. L’équipe médicosociale doit aussi s’engager de façon précoce, durable et forte même s’il est essentiel de déprofessionnaliser la relation d’aide dès que possible.
Ces principes énoncés par les personnes soignées recouvrent les points de vue des spécialistes. Ils répondent à une vision exigeante et optimiste d’un handicap psychologique et psychiatrique qui peut être surmonté par des interventions longues et pluridisciplinaires. Le terme de « handicap psychique » est préféré à celui de « maladie mentale » : il permet de dépasser l’idée d’incurabilité et de déterminisme au profit d’une vision plus dynamique des états psychiques. Il est ainsi possible d’envisager, dans chaque parcours de soins, des solutions adaptées pour une réinsertion sociale, professionnelle, familiale et culturelle.
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Écrit par
- Denis MAQUET : psychiatre, ancien chef de pôle de secteur de psychiatrie adulte et consultant auprès de l'Œuvre Falret
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