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RÉHABILITATION PSYCHOSOCIALE

Aspects théoriques

Parmi les principales références étiologiques et recherches neuropsychologiques constituant les bases théoriques de la réhabilitation psychosociale, des réflexions scientifiques, neuropsychologiques, cognitives et pharmacologiques sont menées.

L’étiologie

Des rémissions existent dans toutes les affections mentales. Trois conceptions psychopathologiques cherchent à expliquer cette réversibilité des troubles psychiatriques chez certains patients.

Le handicap fonctionnel est lié à des difficultés neurocognitives et à des dysfonctionnements de la cognition sociale. Il est possible d’améliorer ou de pallier ces cognitions déficitaires en proposant au patient des programmes thérapeutiques.

La vulnérabilité génétique, développementale et environnementale provoque chez le sujet, très sensible aux situations de stress, des réactions mentales aiguës. On peut l’aider à mieux surmonter ces situations anxiogènes en renforçant ses réactions de protection.

La capacité de rétablissement d’une personne souffrant d’un syndrome psychiatrique grave tel un trouble schizophrénique est constatée par de nombreuses études épidémiologiques longitudinales. L’aggravation et la chronicisation de la souffrance mentale ne sont donc pas inéluctables. Des rétablissements psychiques significatifs sont observés et certains processus psychopathologiques sont réversibles. Lorsque les symptômes aigus sont amendés, la mise en œuvre des capacités d’empowerment du patient ainsi que l’aide d’une équipe pluridisciplinaire pour qu’il puisse organiser positivement sa vie sont toutefois nécessaires afin d’éviter une rechute.

Ainsi, les notions de handicap fonctionnel, de vulnérabilité partielle et de capacité de rétablissement permettent d’appréhender la souffrance mentale de façon plus positive en impulsant une dynamique thérapeutique de changement et d’adaptation : le patient « aliéné » est considéré comme un usager « libre » pouvant être sujet de son histoire personnelle et sociale. Une telle perspective remet en question la conception souvent trop déterministe et structuraliste de la souffrance mentale.

La cognition sociale

Indépendante des capacités intellectuelles, la cognition sociale fait appel à des processus mentaux et psychiques. Elle permet de stocker et d’utiliser les informations provenant de situations sociales, de saisir les émotions, les pensées, les comportements et les interactions d’autrui et d’en appréhender le point de vue. Il s’agit d’une connaissance sociale subjective, filtrée par nos émotions, donnant souvent lieu à des interprétations personnelles.

Selon certains psychologues, la cognition sociale imprègne nos processus psychologiques à tel point que nous construisons nos fonctions cognitives à partir d’interactions avec notre environnement physique et social : des schémas mentaux sociaux guident nos pensées et nos comportements de façon inconsciente. Or, la cognition sociale est souvent perturbée chez les personnes souffrant d’affections mentales.

En réhabilitation psychosociale, on utilise des tests pour l’évaluer. Un consensus international l’explore dans six domaines principaux.

La reconnaissance et la discrimination des émotions

Les neuropsychologues Bénédicte Giffard et Bernard Lechevalier considèrent les émotions comme « des états affectifs intenses, d’une durée relativement brève, liés à un objet repérable interne ou externe ». Caractérisées par des réactions physiologiques viscérales, les émotions entraînent des réponses comportementales et cognitives. Elles se distinguent de l’humeur à la tonalité affective subjective, consciente et élaborée ainsi que des sentiments, émotions très conceptualisées. Il existe des émotions primaires – joie, tristesse, peur, colère, dégoût, surprise – et des émotions « sociales » plus élaborées – sympathie, embarras, honte, culpabilité, orgueil, envie, gratitude,[...]

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Écrit par

  • : psychiatre, ancien chef de pôle de secteur de psychiatrie adulte et consultant auprès de l'Œuvre Falret

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