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RÉHABILITATION PSYCHOSOCIALE

Aspects pratiques

L’évaluation

En réhabilitation psychosociale, les soins prodigués exigent au préalable des évaluations pluridisciplinaires, médicosanitaires et médicosociales. De nombreuses informations sont ainsi recueillies et analysées concernant les demandes du patient, son désir d’inclusion sociale, son état clinique, son état cognitif, sa situation sociale, familiale, professionnelle, son cursus scolaire, universitaire et ses formations, ses aspirations culturelles, ses loisirs, ses activités sportives et artistiques. L’analyse de ces données met en évidence pour chaque personne ses difficultés, mais aussi son savoir expérientiel et ses ressources mobilisables en vue de créer un programme individualisé.

Une évaluation régulière et fréquente étudiera la stagnation ou l’amélioration de l’état psychique du patient, ainsi que les possibles bénéfices retirés des moyens thérapeutiques de la réhabilitation et de la réinsertion.

Le rétablissement : ses objectifs pratiques

Selon bon nombre de spécialistes, les critères pour objectiver un rétablissement sont à la fois cliniques et psychologiques. Les indicateurs cliniques objectifs impliquent l’obtention d’une rémission d’au moins deux ans de la symptomatologie psychiatrique, la reprise d’un emploi ou d’une formation durant deux années consécutives, l’acquisition d’une activité sociale et d’une autonomie dans les faits et gestes quotidiens. Les critères psychologiques impliquent quant à eux l’acquisition pour le patient d’une identité nouvelle détachée du diagnostic, la conscience de l’impact de la maladie dans tous les domaines de l’existence, la satisfaction personnelle, l’estime de soi et enfin la capacité d’avoir un pouvoir d’agir (ou empowerment) sur les autres et sur la société.

Un modèle expérimental : l’hôpital de jour Bipol-Falret

Si, depuis les années 1980, de nombreux programmes sont consacrés aux patients schizophrènes, c’est seulement dans les années 2010 que sont apparus des programmes pour des personnes atteintes de troubles dysthymiques. Ainsi, entre 2018 et 2020, le centre de jour Bipol-Falret a mis en place un dispositif de soins expérimental à destination des adultes atteints de troubles thymiques, en particulier bipolaires, sans état psychopathologique aigu. Pour les aider à améliorer leur état de santé, leur qualité de vie et leur inclusion sociale, l’équipe soignante (psychologue, psychiatre, infirmier, psychomotricien, pair-aidant et assistant social), a proposé des entretiens individuels, systématiques ou souhaités par les participants, et des ateliers collectifs hebdomadaires pour un programme de soins de quelques mois. Ce programme a montré des résultats probants, avec notamment une absence de rechutes maniaques ou dépressives graves chez les patients pris en charge.

Les entretiens individuels

Le psychiatre se montre attentif à l’état psychique du participant et, après étude de ses antécédents psychiatriques et de ses troubles de l’humeur, réalise un bilan clinique. Il explore le tempérament affectif du participant, sa réactivité émotionnelle, ses croyances pathologiques et sa cognition sociale.

Le psychologue constitue avec le patient le diagramme de l’évolution de sa maladie, son journal de l’humeur et des indicateurs de risque. Il compare également les évaluations objectives, telles que l’échelle d’estime de soi de Rosenberg et le questionnaire Medication Adherence Rating Scale (MARS), réalisées en début et fin de programme.

Le psychomotricien évalue les fonctions psychomotrices du sujet au niveau perceptivo-moteur, tonico-postural, tonico-émotionnel, spatio-temporel. L’objectif général de cette prise en charge est d’accompagner le participant vers un mieux-être psychocorporel, afin qu’il réinvestisse son corps de manière globale, c’est-à-dire en tenant compte des interactions et des influences réciproques entre[...]

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Écrit par

  • : psychiatre, ancien chef de pôle de secteur de psychiatrie adulte et consultant auprès de l'Œuvre Falret

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