GLIÈRE REINHOLD (1875-1956)
Le compositeur et pédagogue russe Reinhold Glière a joué un rôle prépondérant dans le développement de la musique soviétique.
Reinhold Moritsevitch Glière naît à Kiev, en Ukraine, le 30 décembre 1874 (ancien style)/11 janvier 1875 (nouveau style), dans une famille musicienne : son père, d'origine allemande, est un facteur d'instruments à vent ; sa mère est la fille d'un facteur d'instruments polonais. Reinhold débute très tôt l'étude du violon et révèle rapidement des dispositions exceptionnelles pour cet instrument.
En 1894, il entre au Conservatoire de Moscou, où il aura pour professeurs Jan Hřímalý (violon), Sergueï Ivanovitch Taneïev (polyphonie), Anton Stepanovitch Arenski et Georgi Edouardovitch Conus (harmonie), Mikhaïl Mikhaïlovitch Ippolitov-Ivanov (théorie et composition) ; il en sort en 1900, avec la médaille d'or de composition pour son opéra Terre et ciel, d'après Byron ; il a déjà composé son Premier Quatuor à cordes (1899), un Octuor pour quatre violons, deux altos et deux violoncelles (1900), sa Première Symphonie (1899-1900). C'est aussi en 1900 que Taneïev lui adresse deux élèves promis à un brillant avenir, Nikolaï Iakovlevitch Miaskovski et Serge Prokofiev.
On retrouve Glière à Berlin de 1905 à 1907, où il se perfectionne et apprend la direction d'orchestre auprès d'Oskar Fried. À son retour en Russie, il s'essaye brièvement à la direction d'orchestre. Il est rapidement considéré comme l'une des personnalités musicales les plus marquantes de son pays, grâce notamment à ses trois monumentales symphonies – la Deuxième Symphonie, composée en 1907, est créée en 1908 à Berlin par son dédicataire, Serge Koussevitzky ; la Troisième Symphonie « Ilia Mouromets », dédiée à Glazounov, composée entre 1909 et 1911, est créée à Moscou en 1912 – et à son poème symphonique Les Sirènes (1909).
Il est nommé professeur au Conservatoire de Kiev en 1913, puis directeur de ce même établissement l'année suivante ; il y aura notamment pour élève le compositeur ukrainien Boris Nikolaïevitch Liatochinski. Il s'installe de nouveau à Moscou en 1920, où il sera professeur de composition au Conservatoire jusqu'en 1941 ; parmi ses élèves figureront les compositeurs russes Alexandre Alexandrovitch Davidenko, Anatoli Grigorievitch Novikov, Lev Konstantinovich Knipper, Nikolaï Petrovitch Rakov.
Glière, qui n'avait, avant la révolution d'Octobre, écrit qu'un seul ballet (Chrisis, 1912), va créer le standard du ballet soviétique avec Le Saut des moutons (1922), d'après la pièce Fuente Ovejuna de Lope de Vega – révisé sous le titre Les Comédiens (1931), révisé à nouveau sous le titre La Fille de Castille (1955) –, Cléopâtre (1926, d'après Les Nuits égyptiennes de Pouchkine) et Le Pavot rouge (1927, révisé en 1949 sous le titre La Fleur rouge). Cléopâtre est le premier ballet soviétique à inclure des danses exotiques et une esthétique digne des films à grand spectacle. Le Pavot rouge, qui connaîtra un succès extraordinaire en U.R.S.S., constitue l'archétype du ballet à sujet révolutionnaire. La musique de ballet de Glière manifeste son génie mélodique ; ses couleurs orchestrales raffinées se ressentent de l'influence de Rimski-Korsakov et de Glazounov, la sensualité s'exprime par un emploi typique de matériau musical oriental.
C'est que Glière a accompli un véritable travail de pionnier en ethnomusicologie en s'intéressant aux musiques slavones et orientales ; surtout, il participe au programme de développement musical de la république soviétique d'Azerbaïdjan. Ces travaux le conduisent en Azerbaïdjan en 1923 et 1924 ; il y compose l'opéra Shakh-Senem, ouvrage syncrétique où se fondent la tradition romantique russe et des éléments folkloriques azerbaïdjanais,[...]
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Écrit par
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
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