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RELATIONS INTERGROUPES

L’étude des relations intergroupes s’intéresse aux aspects de l’interaction humaine qui impliquent des individus en tant qu’ils se perçoivent ou sont perçus comme membres d’une catégorie sociale. Cette dimension d’appartenance définit l’endogroupe, le groupe dont on est un membre, par opposition à l’exogroupe, le groupe auquel on n’appartient pas.

Sur le plan des contenus, les travaux distinguent les trois facettes que sont les stéréotypes, les préjugés, et la discrimination. Les stéréotypes constituent la sphère cognitive et renvoient aux diverses connaissances que les gens entretiennent à propos des différents groupes et des caractéristiques qui les définissent. Les préjugés concernent la dimension affective et recouvrent l’ensemble des émotions que les personnes ressentent à l’égard des groupes sociaux qui les entourent. Enfin, sur le plan comportemental, la discrimination désigne la panoplie des conduites manifestées face aux membres de son groupe ou des autres groupes. Si ces termes sont le plus fréquemment associés à des aspects peu reluisants – on pense à des stéréotypes désobligeants, des émotions de peur et des comportements de rejet voire d’agression –, la réalité est bien plus nuancée. Même lorsque les stéréotypes, les préjugés et même la discrimination prennent un tour positif, leurs conséquences peuvent s’avérer délétères. Un cas d’école concerne la vision paternaliste des hommes à l’égard des femmes, car cette dernière enferme les femmes dans des rôles subalternes et les associe à la fragilité et à l’incompétence. De fait, un des modèles contemporains les plus aboutis, le modèle du contenu du stéréotype, intègre chacune des trois facettes dans un espace organisé autour de deux dimensions dites de « compétence » et de « chaleur ». Selon cette conception, le niveau occupé par les divers groupes dans la hiérarchie sociale et le degré de coopération escompté avec leurs membres se traduisent sous forme de stéréotypes. Ainsi, les groupes qui occupent des positions élevées, comme les dirigeants d’entreprise ou les banquiers, seront perçus comme capables, motivés, ingénieux, assertifs, etc., tandis que les groupes se situant en bas de l’échelle sociale se verront contester ces mêmes attributs. Dans le même temps, les groupes avec lesquels il est possible de collaborer sont jugés sympathiques, sociables, sincères et fiables, alors que ces mêmes caractéristiques sont absentes pour les groupes perçus comme des concurrents. Ces stéréotypes conditionnent ensuite un pattern d’émotions qui, in fine, oriente les conduites. De façon intéressante, les observateurs adoptent volontiers une vision dite compensatoire : de deux groupes considérés, le plus compétent sera également vu comme le moins chaleureux et vice versa.

Signe de la complexité des phénomènes et de la multiplicité des facteurs explicatifs, les travaux sur les relations intergroupes ont successivement emprunté à la quasi-totalité des traditions théoriques en psychologie. Quatre niveaux d’explication se conjuguent pour, ensemble, rendre compte des relations, souvent conflictuelles, entre les membres de groupes différents : les niveaux individuels, interpersonnels, intergroupes, et institutionnels.

Un premier niveau concerne le fonctionnement de notre système cognitif et le besoin impérieux d’appréhender l’environnement par le biais de catégories à la fois utiles et peu nombreuses. Dès les premiers instants de la rencontre avec autrui, l’être humain est susceptible d’activer, de manière spontanée, les catégories sociales de base, comme la race, le sexe et l’âge. Dans la foulée et en fonction des caractéristiques des cibles et du contexte d’interaction, des sous-catégories plus précises peuvent être recrutées. Pour efficace et rapide qu’il soit, le traitement catégoriel pèche en revanche[...]

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