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INTERNATIONALES RELATIONS

L'expression « relations internationales » présente un double inconvénient. Le premier est de désigner à la fois un ensemble de phénomènes et la discipline qui s'efforce de les appréhender (cf. histoire-Histoire des relations internationales). Cette anomalie traduit le malaise des spécialistes qui, au moins en France, ont préféré pendant des générations se cantonner dans des approches sectorielles (histoire diplomatique, économie internationale, droit international public, géopolitique, stratégie, etc.) plutôt que d'aborder de front, comme beaucoup de leurs collègues étrangers, la réalité internationale dans son ensemble. Même si ce stade est aujourd'hui dépassé, puisque les relations internationales sont reconnues comme une discipline autonome par les programmes universitaires, la matière souffre encore de sa naissance difficile, et l'impérialisme que manifestent toujours à son endroit les disciplines mieux établies ne facilite pas la recherche d'une synthèse.

Le second inconvénient tient à l'ambiguïté du vocabulaire et, tout spécialement, à celui du qualificatif « international ». Le terme est relativement récent puisqu'il semble bien avoir été inventé par Bentham à la fin du xviiie siècle. Sa fortune allait être immense puisqu'on l'applique aujourd'hui encore à toute une série d'activités, d'institutions ou de forces : le droit international, le commerce international, les organisations internationales, les internationales politiques ou syndicales, etc. Malheureusement, le concept de nation apparaît extrêmement flou : tantôt il coïncide avec la seule expression juridique susceptible de l'incarner, c'est-à-dire avec l' État ; tantôt il préexiste à la formation d'un État (exemple de la nation allemande ou italienne avant la réalisation de l'unité) ; tantôt il recouvre et englobe une série d'entités étatiques qui revendiquent plus ou moins explicitement le même héritage et la même vocation (exemple de la « nation arabe ») ; tantôt il désigne deux ou plusieurs entités qui sont placées, au moins momentanément, sous le contrôle d'une autorité étatique unique (exemple de l'Autriche-Hongrie avant 1914, du Pakistan avant la sécession du Bangladesh en 1971 ou de la Tchécoslovaquie jusqu'en 1992). Bien que plus précis que des concepts voisins comme « peuple » ou « race », le concept de nation, malgré l'usage universel qui en est fait, ne peut servir à qualifier les relations qu'il entend désigner. Le concept d'État, ensemble territorial dont la population est placée sous l'autorité d'un gouvernement unique, correspond certainement mieux à la réalité, au moins à l'aspect moderne des relations « internationales ». Mais l'expression de « relations interétatiques » présente à son tour l'inconvénient de suggérer que les rapports internationaux se réduisent aux relations entretenues par les gouvernements des États – ce qui appauvrit considérablement la substance des échanges internationaux. Pour sortir de la difficulté, c'est-à-dire pour tenir compte de l'existence de l'État sans réserver à ce dernier la qualité exclusive d'acteur international, la solution consiste, semble-t-il, à définir les relations internationales comme les flux de toute nature et de toutes origines qui traversent les frontières – la frontière matérialisant l'existence de collectivités politiques indépendantes sans lesquelles les échanges en question perdraient leur caractère international.

Même si l'on retient ce critère simple de la localisation, les relations internationales apparaissent comme des phénomènes d'une extrême complexité, soumis à de nombreux changements au cours de l'histoire, et provoquant, de la part des spécialistes, de nombreuses tentatives[...]

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Écrit par

  • : professeur au département de sciences politiques de l'université de Paris-I
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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