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INTERNATIONALES RELATIONS

Les caractéristiques de la société internationale contemporaine

Chacune de ces explications contient évidemment sa part de vérité. Leur diversité témoigne de la complexité des phénomènes internationaux et démontre, s'il en était besoin, que les problèmes qu'ils soulèvent ne sont pas, par leur nature, foncièrement différents de ceux qui se posent dans n'importe quelle société. Mais ces déterminismes s'excluent mutuellement les uns les autres et, par la même, se détruisent en tant qu'explication scientifique. C'est pourquoi il importe moins d'opter en faveur de l'une ou de l'autre de ces interprétations que de rechercher comment celles-ci se combinent, à un moment donné, pour permettre de qualifier tel ou tel stade d'évolution de la société internationale. Car s'il y a, dans l'histoire des relations internationales, des structures permanentes ou au moins fort stables (comme la juxtaposition de collectivités politiques séparées par des frontières), la part respective des différents facteurs qui commandent le volume et l'orientation des échanges varie considérablement d'une époque à l'autre.

Le monde n'a certes pas commencé en 1945, ni en 1914 ; mais il a probablement plus changé au cours de la seconde moitié du xxe siècle qu'au long des deux ou trois siècles précédents. La montée de nouvelles puissances (États-Unis, Japon, Chine) et la décolonisation n'ont pas seulement marqué la fin de la domination européenne ; elles illustrent l'universalité des relations internationales auxquelles participent désormais toutes les populations du globe. Mais ces relations se déroulent aussi dans un espace dont l'homme commence seulement à découvrir les limites : espace clos physiquement par l'occupation et la mise en exploitation de presque toutes les terres habitables, politiquement par l'extension du modèle étatique à toutes les collectivités, économiquement par l'épuisement inéluctable de certaines ressources vitales du fait de leur exploitation intensive ou de leur destruction par la pollution.

Ces contraintes, dont la combinaison est un fait nouveau, créent une interdépendance réelle entre les collectivités politiques et devraient logiquement conduire à promouvoir la solidarité et la coopération internationales. S'il n'en est pratiquement rien encore, c'est parce que la société internationale demeure hétérogène et dépourvue d'un pouvoir approprié à l'exercice des fonctions communes.

L'hétérogénéité tient à la diversité des États, diversité imputable à leur taille, à leur richesse, à leur niveau de développement, mais aussi à leurs régimes politiques et à la durée de leur expérience ; elle tient aussi à la diversité des croyances, des cultures et des idéologies qui survivent au découpage de l'espace en unités politiques indépendantes, quand ce découpage n'épouse pas lui-même les contours de ces forces antagonistes. Telle est la conséquence inéluctable de l'universalisation des rapports internationaux. De ce point de vue, la situation mondiale reste très éloignée de celle que connurent les rapports entre États sous le régime du concert européen au xixe siècle. Il ne faut donc pas s'étonner que le droit international, privé du consensus indispensable à son élaboration comme à son application, résiste difficilement aux torsions qui lui sont imposées par des interprétations divergentes. Par là, on s'explique aussi que cette étrange société, dépourvue de règles de droit communément acceptées, soit aussi privée d'autorité adéquate. Quels que soient les services qu'elles rendent, les organisations internationales n'ont pratiquement jamais de pouvoir de décision. L'expérience est d'autant plus décevante que les organisations régionales, normalement appuyées sur une solidarité[...]

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Écrit par

  • : professeur au département de sciences politiques de l'université de Paris-I
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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