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RELATIVISME

Le relativisme se présente comme un humanisme, c'est-à-dire comme une doctrine qui rapporte tout élément d'une culture à l'homme en général qui en fut l'auteur et qui est donc capable de l'interpréter par la suite. Le relativisme pense, en effet, que toute création est une invention, tandis que le réalisme, auquel il s'oppose, estime que celle-ci est essentiellement une découverte. On montrera ici quatre formes de relativisme, telles qu'elles sont apparues successivement dans la culture occidentale.

Les philosophies relativistes

Le relativisme antique

La première forme de relativisme a été exprimée, au début de l'essor de la pensée philosophique en Grèce, par le sophiste Protagoras, à qui Platon fait dire dans le Théétète (ive siècle av. J.-C.) que « l'homme est la mesure de toutes choses », c'est-à-dire du vrai comme du faux. Contre cette position, Socrate et Platon se sont élevés pour défendre les droits de l'objectivité. Par cette dernière, il faut entendre que l'esprit humain se trouve en face d'une réalité, dont il doit tenir compte, et qui chez Platon est représentée par les Idées. Hors du respect pour ces Idées, il n'y a, pour Platon, que fantaisie, démesure, et prétention injustifiée. La force du réalisme antique est qu'il ne se soit pas tenu à ce réalisme platonicien. L'objectivité, en effet, n'est pas nécessairement étrangère à l'expérience humaine. Pour Aristote, disciple de Platon, l'objectivité se traduit par une « forme » imposée à une matière, et qui s'offre à la connaissance intellectuelle.

Au relativisme des sophistes (Protagoras, Gorgias) se sont donc opposées, dès son apparition, d'autres philosophies. Or le réalisme a pris également d'autres significations qui ne sont pas réductibles à une forme particulière de doctrine, que les relativistes accusent facilement de « dogmatisme », pour mieux les récuser (on peut préférer un dogmatisme à un autre, et donner les raisons de cette préférence). En Grèce ancienne, le stoïcisme et l'épicurisme, après le platonisme et l'aristotélisme, se sont opposés au relativisme, même si leur réalisme est fort différent de celui de Platon et d'Aristote : la réalité, pour les épicuriens, ce sont les atomes qui tombent dans le vide, alors que, pour les stoïciens, c'est la vie universelle qui, si l'esprit humain y adhère, lui procure la sagesse.

Les grandes philosophies de l'Antiquité grecque se sont donc toutes efforcées de réfuter le relativisme des sophistes, dont elles percevaient l'effet nocif pour la rectitude de l'esprit. Mais leurs arguments se heurtèrent à la résistance de ceux qui pouvaient passer pour les successeurs des sophistes, les cyniques (Diogène) et les sceptiques (Pyrrhon, auquel fait écho, quelques siècles plus tard, le Romain Sextus Empiricus).

Le relativisme moderne

En Europe, à la Renaissance, une deuxième forme du relativisme se développe, héritée du scepticisme ancien. On la trouve, en particulier, chez Montaigne, qui pour ne pas perdre sa raison au milieu des folies de son siècle, se mit à la rédaction de ses Essais.

Comme l'a écrit Marcel Conche : « Ce que l'on a, dans les Essais (1580-1588), c'est, au plus haut degré, l'exercice de la raison dans son autonomie. La raison s'y libère sans cesse de toute « vérité » qu'elle n'aurait pas elle-même constituée comme telle – de toute vérité « toute faite », donnée d'avance, ou léguée » (Dictionnaire des philosophes). L'exercice de cette raison autonome peut passer pour une bonne définition du relativisme moderne. Il est intéressant qu'on puisse découvrir les fils qui le relient au relativisme ancien. Comme l'écrit encore Conche : « Selon Pyrrhon, on a le pur apparaître[...]

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Écrit par

  • : maître de recherche au C.N.R.S., responsable de l'E.R. fondements des sciences
  • : docteur en psychologie, docteur ès lettres et sciences humaines, psychanalyste, maître assistant de psychopathologie à l'université de Paris-XIII

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