RELIEF, sculpture
En sculpture, le relief se définit comme un « ouvrage relevé en bosse » (Littré) ; il comporte donc une partie qui est en saillie par rapport à une autre qui sert de fond. Cette saillie peut être faible dans le cas du bas-relief ou forte dans celui du haut-relief. Par opposition à la ronde-bosse, le relief est créé pour être vu sous un angle unique et toujours de face. Il constitue un mode d'expression artistique privilégié dans le monde grec où il a connu un développement considérable. On trouve des reliefs sur les petits monuments votifs et funéraires, généralement des stèles, mais aussi sur les sarcophages ou bien, dans les arts mineurs, sur la vaisselle, sur les bijoux, sur les parures de guerre, sur les petites plaques décoratives. Mais ils ornent aussi, dès le début de l'architecture monumentale, les édifices du culte (temples, autels, etc.).
À toutes les époques de l'art grec, le relief est présent partout et se trouve réalisé dans les matériaux les plus divers, bois, argile, ivoire, métal, pierre, impliquant des techniques elles-mêmes fort variées. Pour le relief taillé dans la pierre, il semble qu'après avoir utilisé la seule incision on ait recreusé légèrement le fond autour des silhouettes qu'on voulait dégager (sculptures du temple de Prinias en Crète, seconde moitié du ~ viie siècle). La saillie demeure alors très faible (bas-relief) et n'autorise qu'une composition figée. Mais le mouvement que tentent déjà de rendre les peintres céramistes va, au début du ~ vie siècle, gagner les frontons de l'Acropole (fronton de L'Apothéose d'Héraclès, ~ 580-~ 570, et le fronton de l'ancien temple d'Athéna : Lutte d'Héraclès et de Triton, ~ 570-~ 560) où les plans se multiplient (haut-relief) et engendrent des compositions beaucoup plus animées qui conviennent mieux aux thèmes représentés. Cette recherche aboutira à la fin de l'archaïsme à la réalisation des sculptures des trésors de Delphes, et les frontons du temple d'Égine s'orneront de figures qui, pour la première fois, se détacheront du fond tympanal et constitueront la première série de statues en ronde bosse conçues pour un décor architectural.
Cette évolution technique, qui s'effectue en moins de deux siècles dans le décor architectural, permettra désormais aux sculpteurs de combiner les différentes formules conçues pour animer davantage un monument. Ainsi, les métopes du Parthénon seront exécutées en haut relief, la frise ionique en bas relief, tandis que les figures des frontons sont détachées du fond. Pour les stèles et les petits monuments, votifs, funéraires, ou concernant la vie civique, le même développement se remarque au cours des ~ vie et ~ ve siècles, et les thèmes représentés, dégagés des contraintes techniques, seront de plus en plus libres dans leur composition, comme dans le rendu des figures et de leurs attitudes. On pourrait considérer que les sculpteurs grecs ont atteint une totale aisance dans le travail du relief au milieu du ~ ive siècle. Le tambour de colonne, que Scopas aurait exécuté alors pour le temple d'Éphèse, est orné d'une ronde dont l'un des personnages, représenté de dos, semble s'enfoncer dans le relief. Cette audace sera reprise dans les frises de l'autel de Zeus à Pergame (~ 180 env.), qui marque le véritable achèvement de la sculpture en relief à l'époque hellénistique.
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Écrit par
- Martine Hélène FOURMONT
: archéologue, rédacteur en chef de la
Revue archéologique , ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique
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