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RELIEFS VOTIFS GRECS

L'art grec a connu trois genres de reliefs : les reliefs décoratifs à sujets mythologiques, intégrés à l'architecture des bâtiments sacrés ; les reliefs funéraires, placés sur la tombe des notables depuis la fin du viie siècle avant J.-C. et qui représentent le mort, avec un goût narratif croissant qui va modifier peu à peu la morphologie des stèles, d'abord très étroites ; les reliefs votifs enfin, dédiés aux divinités dans les sanctuaires, souvent en exécution d'un vœu : très rares jusqu'au ve siècle avant J.-C., ils sont aussi typologiquement plus divers. Par-delà leur valeur artistique, ces reliefs à l'iconographie et à la morphologie variables sont aussi des documents précieux pour la connaissance des mentalités (U. Hausmann, Griechische Weihreliefs, W. de Gruyter, Berlin, 1960).

Le passage de la terre cuite et du bois peints à la pierre sculptée, qui est acquis dès la fin du viie siècle avant J.-C. pour les deux autres types de reliefs, est ici beaucoup plus lent et seulement partiel, sans doute parce que les commanditaires sont plus modestes : alors que le nom grec du relief funéraire, stèlè, évoque l'aspect vertical d'une pierre dressée, celui du relief votif implique un support en bois, car il signifie planche (pinax, plur. pinakes ; plus rarement, sanis, plur. sanides). Le mot plus général désignant une offrande indique bien leur caractère primitif : anathèma, c'est un objet que l'on suspend (au mur d'un sanctuaire), comme une planche ou une tablette en terre cuite peinte.

Rien d'étonnant à ce que les plus anciens reliefs votifs se rencontrent, encore isolément, là où la pratique du marbre est la plus développée : à Paros, puis à Athènes (G. Neumann, Probleme des griechischen Weihreliefs, Wasmuth, Tübingen, 1979). En fait, c'est seulement à Athènes, et à la suite des travaux du Parthénon (447-438) où se sont formés un grand nombre de sculpteurs, que les reliefs votifs en marbre se multiplient, tandis qu'y reprennent aussi les reliefs funéraires interdits par une loi somptuaire depuis la fin du vie siècle. Le type de relief qui y est alors mis au point sera repris et varié un peu partout, jusqu'à ce que la nouvelle interdiction des reliefs funéraires édictée par Démétrios de Phalère entre 317 et 307 avant J.-C. ne porte un coup fatal aux ateliers athéniens de reliefs, qui vivaient surtout de l'art funéraire. On en revient alors à la situation qui prévalait avant la prééminence d'Athènes : à l'époque hellénistique, les reliefs votifs sont plus rares, mais aussi plus divers.

Dans cette production changeante, il faut distinguer plusieurs variantes iconographiques qui correspondent à des situations religieuses différentes. Les reliefs les plus simples, les plus explicites en somme, sont des ex-voto, au sens précis du terme, dédiés après l'accomplissement d'un vœu ou à la suite d'une guérison ou d'un rite. Ils peuvent représenter la divinité secourable, plus souvent en majesté qu'en acte (sur quelques reliefs, Asclépios touche le malade alité) ; certains montrent simplement la partie du corps guérie ou ce qui en a été consacré à la divinité (par exemple, les cheveux dédiés par les adolescents aux divinités « courotrophes », c'est-à-dire qui ont protégé leur croissance). Il est rare qu'un fidèle soit seul représenté, comme sur le relief du cap Sounion (Musée national d'Athènes), où un athlète vainqueur s'apprête à déposer sa couronne pour en faire hommage à la divinité : le relief est ici le substitut moins dispendieux d'une statue commémorative.

Le succès de la formule mise au point à Athènes à la fin du ve siècle vient de ce qu'elle permet de représenter à la fois divinité et dédicant d'une manière plus équilibrée qu'on ne l'avait fait jusque-là.[...]

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre

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