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RELIGION (notions de base)

Raison et foi

En opposant à la raison le sentiment, l’auteur de la Phénoménologie de l’esprit s’inscrit dans l’héritage cartésien. « Sentiment » ne désigne pas seulement ici l’affectivité (les émotions ou le jeu des passions), mais plus généralement la sphère de la subjectivité explorée pour la première fois par Descartes (1596-1650). En disant « je crois », et tant qu’il refuse de faire l’effort de traduire dans la langue du concept le vécu de sa croyance, le fidèle se sépare de ses congénères. Dire « je crois », et s’en tenir à ce dire, c’est implicitement déclarer : je vis au fond de moi une expérience qui est irréductiblement la mienne, une expérience à laquelle tu n’as pas accès. D’où l’usage qui pourrait sembler scandaleux de l’adjectif « animal » pour catégoriser le sentiment religieux. « Animal » est pourtant sans conteste ce sentiment si celui qui s’y réfère ne tente en aucune façon de quitter la sphère de son intériorité subjective pour gagner l’« agora », pour rejoindre l’espace commun où les hommes peuvent se rencontrer. « Animal », car c’est bien cette incapacité à sortir de leur monde propre, de leur bulle, pourrait-on dire, qui caractérise les vivants non humains. L’être humain dispose lui aussi de cette intériorité, de cet espace intime assurément respectable. Mais, comme le dit le philosophe, ce qui est le plus humain en l’homme n’est pas cette vie subjective dont jouissent comme lui tous les vivants, mais bien cette capacité unique de « tendre à l’accord mutuel ».

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Écrit par

  • : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires

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