RELIGION (notions de base)
Union ou séparation ?
La croyance religieuse, sentiment subjectif par excellence, sépare donc l’homme de ses semblables. On pourrait bien entendu nous objecter que dans le même temps elle rassemble tous ceux qui partagent la même foi. Faut-il s’en étonner ? La foi partagée par une communauté rassemble les fidèles mais ne peut qu’exclure tous ceux qui sont étrangers à la croyance commune. Rassembler en séparant, n’est-ce pas le destin indépassable de toute religion ? Le philosophe contemporain Régis Debray, aussi bien dans sa Critique de la raison politique (1981) que dans Le Feu sacré (2003), n’a cessé d’approfondir les analyses démontrant cette double fonction.
Il résume ses conclusions dans cette formule tirée du Feu sacré : « Impossible de faire sentir aux miens “la douceur d’être inclus” sans infliger à d’autres la douleur d’être exclus. » Tant que les sociétés humaines étaient homogènes, une unique croyance collective rassemblait tous les membres du groupe. Réuni avec ses proches dans l’enceinte sacrée du temple (fanum, en latin), fanaticusest par là même l’homme situé à l’intérieur de l’enceinte. Pris dans ce sens restreint,fanaticus n’a rien de péjoratif et ne vise pas l’horreur du fanatisme, mais indique seulement l’inclusion évoquée par Régis Debray. À l’extérieur de l’enceinte sacrée se trouve le profanum(étymologiquement, « ce qui est devant le temple », donc à l’extérieur du temple), l’espace profane, la dimension où réside l’étranger, l’autre, l’impur.
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Écrit par
- Philippe GRANAROLO : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires
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