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RELIGION Sociologie religieuse

Les approches contemporaines

Trois orientations principales gouvernent les approches sociologiques du « croire » contemporain : l'une a trait à son mouvement global, la deuxième porte sur la forme que prend le croire dans la société, la troisième touche à son contenu.

Une sécularisation en débat

Le mouvement global dépeignant le croire moderne est appelé sécularisation par les théologiens et les sociologues. Même si ce paradigme fait toujours l'objet de discussions entre les chercheurs, essayons d'en dégager les tendances essentielles. À l'origine, le terme sécularisation désigne l'appropriation par le pouvoir civil de biens ecclésiastiques. Repris en sociologie des religions, il décrit initialement un processus social fonctionnant selon la logique d'un jeu à somme nulle : plus la modernité avance, plus le religieux recule. Précisément, la sécularisation est le processus par lequel des secteurs de la société et de la culture sont soustraits à l'autorité des institutions religieuses (Peter Berger). Les institutions, les pensées et pratiques religieuses perdent leur importante « signifiance sociale » (Bryan Wilson). Dans ce type d'approches, la sécularisation renvoie à une mutation socioculturelle globale se traduisant par un amenuisement du rôle institutionnel et culturel de la religion dans les sociétés occidentales, processus manifeste en particulier à partir des années 1960. La religion perdrait beaucoup de son pouvoir social : alors qu'elle constituait un cadre englobant la société et signifiait le sens dernier de l'ordre, alors que les croyances et son langage imprégnaient en profondeur la vie quotidienne des individus, la religion deviendrait un secteur parmi d'autres, un monde de plus en plus étranger à bon nombre de personnes.

Toutefois, ces approches reposent sur l'hypothèse du déclin de la religion et mettent l'accent sur le système social dans son ensemble, laissant au second plan les comportements individuels et leurs processus de diversification et de recomposition des croyances. Sur ce plan, il est possible, d'après Jean-Marie Donégani, de caractériser la sécularisation par trois traits importants. Le premier affirme la partition entre sphère privée et publique. Pour la plupart de nos contemporains, les pratiques relevant de l'intégrité personnelle – options politiques, pratiques sexuelles notamment – ne peuvent plus faire l'objet d'une ingérence de la part d'institutions religieuses.

Le deuxième trait est le subjectivisme et le relativisme. Les contenus de foi auparavant objectivés, donnés pour révélés et transmis par la tradition, sont à présent triés, sélectionnés, évalués puis transformés par les consciences individuelles à l'aune de leur authenticité perçue et expérimentée. La religion n'est plus perçue comme un cadre général d'emprise, régulé par un appareil dispensant le vrai, le juste et le défendu ; elle est d'abord et avant tout un dispositif de croyances et de pratiques avec lesquelles les personnes s'arrangent librement par rapport à leur propre vie (les sociologues parlent de « bricolage », à la suite de Claude Lévi-Strauss). Dernier trait de la sécularisation dégagée par les enquêtes d'opinion : les identifications religieuses sont devenues plurielles et évolutives. La dissémination des croyances et la dissociation entre croire et pratiquer rendent plus difficilement repérables les groupements religieux : l'essentiel des références et des constructions des identités passent hors institution, en dehors des cadres traditionnels de transmission du religieux. L'éclatement des propositions du croire dans nos sociétés aboutit à une mise en compétition des offres de sens qui s'affrontent sur un marché spirituel désormais globalisé.

Nouvelles formes de croyance[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé en sciences économiques et sociales, docteur en sociologie

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Karl Marx - crédits : Courtesy of the trustees of the British Museum

Karl Marx

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Alexis de Tocqueville (1805-1859) - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Alexis de Tocqueville (1805-1859)

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