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RENAISSANCE FRANÇAISE, arts

Fontainebleau et l'art de cour

Fontainebleau - crédits : Pascal Crapet/ Getty Images

Fontainebleau

Le château de Fontainebleau, qui se développe sans cesse jusqu'en 1570 en fonction des besoins changeants des souverains, ne sera jamais une grande œuvre d'architecture, mais il reste le lieu des grandes inventions décoratives et devient même, à partir des années quarante, le centre d'une activité artistique multiforme. Primatice, qui dirige toute la décoration du château de 1540 à 1570, couvre les murs de compositions mythologiques sensuelles et raffinées qui auront une influence énorme sur la peinture française du xviie siècle. Dans la galerie d'Ulysse, son chef-d'œuvre, il évoque avec une invention inépuisable les dieux et les héros au milieu d'un immense décor de grotesques légers et lumineux.

Parallèlement, le système décoratif né dans la galerie François Ier demeure très vivant : il inspire les graveurs qui multiplient les planches d'ornements ainsi que les orfèvres, les émailleurs, les huchiers, les illustrateurs de livres ou de manuscrits qui comprennent vite quel parti ils peuvent tirer du foisonnement ornemental imaginé par Rosso. Enfin, des personnalités indépendantes inventent des combinaisons nouvelles, tel le maître d'Oiron qui associe des « tableaux » de grandes dimensions aux « cadres habités » venus de la galerie François Ier et au trompe-l'œil cher à l'Italie.

Malgré la diversité des partis décoratifs, le grand nombre des techniques utilisées et le caractère cosmopolite d'un milieu qui réunit des artistes italiens, français, flamands, les productions de l'« école de Fontainebleau » présentent une grande unité, parce qu'elles ont en commun une certaine conception de la figure et de l'ornement. Les figures, idéalisées, disposées dans des poses volontairement compliquées, deviennent ornementales sans perdre leur sensualité ; les ornements, très denses, paraissent surgir les uns des autres comme s'ils possédaient une vie interne, analogue à celle des figures. Le monde irréel qui naît de cet accord n'ayant aucun équivalent en Italie (où la figure humaine conserve toujours la primauté), il faut admettre qu'un climat propre à la cour de France, fastueux, sensuel, élégant, a orienté dans une direction nouvelle le génie de Rosso et de Primatice.À chaque étape de son développement, l'art de la Renaissance française est donc né d'une rencontre entre les modèles italiens et les particularités françaises. Les modèles ont beaucoup changé entre 1515 et 1550 puisque les Français ont admiré successivement l'art de la fin du Quattrocento et celui de la haute Renaissance, et que les caractéristiques du milieu d'accueil se sont transformées du fait de l'évolution culturelle de l'élite et de l'apparition d'une vie de cour brillante. De ces rencontres successives est issue une production artistique foisonnante, désordonnée, difficile à saisir – d'autant qu'elle a en grande partie disparu. Lorsqu'on en fait le bilan, deux faits essentiels apparaissent : l'art français « moderne » a pris forme à travers les grandes œuvres du milieu du siècle ; un centre artistique majeur, le seul en Europe qui puisse rivaliser avec les centres italiens, est né autour du château royal. La situation nouvelle ainsi créée commande l'avenir : elle annonce l'affirmation d'un style « national » au milieu du xviie siècle et le rôle joué alors par Versailles.

— Jean GUILLAUME

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne

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Médias

Chenonceau - crédits : A&G Reporter/ AGF/ Universal Images Group/ Getty Images

Chenonceau

Château d'Azay-le-Rideau - crédits :  Bridgeman Images

Château d'Azay-le-Rideau

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