SCOTTO RENATA (1934-2023)

La soprano italienne Renata Scotto naît à Savone, en Ligurie, le 24 février 1934 dans un milieu modeste. Elle montre dès l’enfance d’incontestables aptitudes pour le chant et entend Tito Gobbi de passage dans sa ville natale. Ce sera l’origine de sa vocation. Se croyant mezzo-soprano, elle va suivre à Milan, dès ses seize ans, les leçons d’Emilio Ghirardini. Ce dernier, soupçonnant que la tessiture de son élève est en réalité celle d’une soprano, n’en doute plus après un mini-récital où la jeune chanteuse aborde les deux répertoires. À dix-huit ans, elle remporte le concours de l’Associazione Lirica de Milan qui lance sa carrière italienne. Elle chante en 1952 le rôle-titre de La Traviata de Verdi, d’abord à Savone, puis l’année suivante au Teatro Nova de Milan. Dans la foulée, en 1953, elle incarne Walter (La Wally de Catalani) à la Scala de Milan, aux côtés de Renata Tebaldi et de Mario Del Monaco, et sous la direction de Carlo Maria Giulini. Malgré son jeune âge, elle n’hésite pas à s’attaquer, de manière quelque peu prématurée, à des emplois aussi redoutables que Liu (Turandot de Puccini), Sophie (Werther de Massenet), Micaëla (Carmen de Bizet), Nedda (Pagliacci de Leoncavallo) ou Cio-Cio San (Madame Butterfly de Puccini).

Consciente que ses premiers succès sont essentiellement dus à ses qualités naturelles, elle ressent le besoin de parachever sa formation. Le ténorAlfredo Kraus lui conseille en 1956 d’aller se perfectionner auprès de son ancienne professeure, la cantatrice espagnole Mercedes Llopart (1895-1970). Cette dernière affermit les bases de sa technique et oriente son répertoire vers les exigences du bel canto. Le sort ne tarde guère à lui sourire : elle remplace au pied levé, en 1957, Maria Callas dans le rôle d’Amina (LaSomnambule de Bellini) au festival d’Édimbourg. Elle fait alors de triomphants débuts à la Staatsoper de Vienne (1958), à Chicago (1960), puis au Covent Garden de Londres (1962) et au Metropolitan Opera de New York (1965). Elle sera la vedette de cette grande scène américaine pendant plus de vingt ans, jusqu’en 1987. Elle aborde avec la même facilité les personnages légers et les rôles verdiens plus complexes. Au cours des années 1980-1990, elle se tourne de plus en plus souvent vers des emplois de mezzo-soprano.

Comme Maria Callas, Renata Scotto évolue avec aisance dans les esthétiques les plus diverses, s’aventurant aux frontières de son domaine habituel en interprétant le rôle de la Maréchale (Der Rosenkavalier de Richard Strauss) en 1992, mais aussi Wagner, les compositeurs français de la fin du xix^e siècle et même le rôle-titre de La Voix humaine de Francis Poulenc en 1993. Sa voix lumineuse au timbre clair ne dispose que d’un volume réduit, mais révèle une projection d’une belle ampleur et une prédisposition naturelle à la souplesse du phrasé. Son extrême rigueur technique est au service d’un irrésistible legato et d’une agilité vocale où toute trace d’effort a disparu. Elle fait ses adieux à la scène en 2002 sous les traits de Clytemnestre (Elektra de Richard Strauss). Elle se consacre alors à la mise en scène avec un réel bonheur : La Bohème (Chicago, 2007), La Somnambule (Miami, 2008), Turandot (Athènes, 2007), Un bal masqué (Chicago, 2010).

Renata Scotto nous laisse plusieurs DVD – dont la retransmission télévisée en direct au Metropolitan Opera de New York d’une représentation de La Bohème de Puccini en compagnie de Luciano Pavarotti, sous la direction de James Levine (1977) – qui témoignent d’une présence dramatique exceptionnelle. Outre de multiples prises sur le vif, sa vaste discographie officielle comporte de nombreuses gravures de référence : Glauce dans Médée de Cherubini (avec Maria Callas), Gilda dans Rigoletto de Verdi (avec Dietrich Fischer-Dieskau, Carlo Bergonzi et la direction de Raphaël Kubelik), Liu dans Turandot de[...]