GAGNEUX RENAUD (1947-2018)
Né à Paris le 15 mai 1947, le compositeur français Renaud Gagneux étudie le piano avec Alfred Cortot (1961-1962) ; puis, entre 1966 et 1972, il est l'élève, pour la composition, de Dutilleux à l'École normale de musique de Paris, de Stockhausen à Cologne, de Jolivet et de Messiaen au Conservatoire national supérieur de Paris.
Enthousiasmé par l'ouverture et la liberté incluses dans les principes fondamentalement philosophiques de la musique aléatoire-minimaliste, Gagneux est immédiatement fasciné par la découverte de la musique répétitive américaine (Steve Reich, Terry Riley, Philip Glass), et ses œuvres en porteront longtemps l'empreinte.
Dans les années 1960 et 1970, il va ainsi travailler à la simplification d'une musique à « entendre et non plus à écouter », créant par là même une sorte de musique d'ameublement à fonction incantatoire dont la caractéristique est de « brouiller toute perception temporelle par de lentes évolutions » (Psaume LXVIII, par exemple). À cette époque, la provocation musicale du créateur s'exerce par une réflexion ayant trait à l'environnement sonore (qu'il soit naturel ou artificiel), une réflexion qui se fonde sur trois axes : le hasard, la répétition (que l'on retrouve dans les musiques à processus modulaire dont la fonction est de créer un paysage sonore, et musique répétitive américaine) et la synthèse (l'électroacoustique principalement).
En 1970, il intègre le Groupe d’étude et de réalisation musicale (GERM) de Pierre Mariétan avant d’entrer, en 1972, au Groupe de recherches musicales (GRM) de l’ORTF, puis de l’INA, où il travaille sous la direction de Pierre Schaeffer et de Guy Reibel jusqu’en 1976.
À partir des années 1980, Gagneux évacue peu à peu de son langage l'aléatoire et la répétitivité. Depuis lors, sa production touche à tous les genres, y compris le grand opéra (Orphée, 1983-1985, créé à l'Opéra du Rhin, à Strasbourg, en 1989), le théâtre musical (Dédale et Icare, 1975) et la musique mixte (Malkruth I à IV, 1978), avec une prédilection marquée pour la musique sacrée, où se trouvent, d'ailleurs, ses meilleures pages : Requiem, pour solistes, chœurs, maîtrise et orchestre (1982), Magnificat op. 14, pour soprano, mezzo-soprano, chœurs et orchestre (1986), Te Deum op. 18, pour soprano, mezzo-soprano, chœurs et orchestre (1987), Stabat Mater op. 28, pour chœurs, deux harpes, deux pianos et quatre percussions (1991), Golgotha op. 30, oratorio pour solistes, chœurs et petit orchestre sur les sept dernières paroles du Christ (1992), Messe op. 43, pour soprano, chœurs, hautbois, clarinette, cor, orgue et percussion (1995).
Musicien remarquablement doué, à l'oreille subtile, au grand raffinement sonore, à la curiosité et à la culture toujours en éveil (que l'on retrouve dans sa musique emplie de clins d'œil et de détournements de techniques contemporaines issues d'esthétiques qui lui sont étrangères), à la rigueur d'écriture cachant l'art par l'art même, Renaud Gagneux atteint, parfois, au sublime. Citons à ce propos son concerto pour violoncelle et orchestre (1990) intitulé Triptyque, ses trois quatuors à cordes (op. 15, 1986 ; op. 16, 1987 ; op. 23, 1989), L'Ombre du souvenir op. 10, pour orchestre (1983), Anabole op. 25, pour orchestre (1990), Mouvements op. 31, pour quintette à vent, cordes et célesta (1992), le Trio à cordes op. 45 (1995), Signal de brume, pour orchestre (1997), Torii, pour ensemble de cuivres (1999), le Deuxième Concerto pour violoncelle et orchestre (2000).
Renaud Gagneux meurt le 24 janvier 2018.
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Écrit par
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
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