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ARLES RENCONTRES D'

Un festival international de la photographie

Au-delà du retentissement que connaît cette crise historique dans le festival, les Rencontres d'Arles sont à la recherche d'une identité nouvelle d'autant plus nécessaire que les manifestations d'envergure se multiplient à l'étranger et en France : le Mois de la photo à Paris (1980), Visa pour l'image à Perpignan (1989), pour ne citer que les plus importantes. L'objectif initial, qui consistait à révéler la photographie au grand public, ne suffit plus à assurer la pérennité de l'événement.

Jusqu'au début des années 2000, les rencontres vont évoluer en prenant en compte les critiques qui lui ont été adressées. La manifestation arlésienne ne se contente plus d'être une simple démonstration de performances, mais s'organise peu à peu comme un lieu de réflexion thématique sur la photographie, animé par des colloques et des débats et prolongé par des publications. Il faut attendre la nomination de François Hébel, directeur de 2001 à 2013, pour que ce renouveau s'établisse sous la forme d'un festival à l'image des plus importants. Il va s'entourer de commissaires prestigieux (Martin Parr, Raymond Depardon, Christian Lacroix, Nan Goldin) et rallier à la cause de la photographie des sponsors et des mécènes grâce auxquels l'événement prend une ampleur extraordinaire : chaque année plus de cinquante expositions sont proposées, des prix prestigieux sont décernés (prix découverte, prix du livre d'auteur, prix du livre historique...), des catalogues de référence sont réalisés par les éditions Actes Sud. Avec la Nuit de l'année, inaugurée en 2005, les rencontres investissent un quartier de la ville en proposant des expositions destinées aux agences et aux collectifs de photographes.

Par ailleurs, diverses initiatives ont été développées, qui privilégient la formation : Photo Folio Review & Gallery, inauguré en 2006, propose aux photographes des lectures de portfolios par des experts et leur donne l'opportunité d'exposer leurs travaux pendant la durée du festival. Au-delà de la période estivale, l'opération Rentrée en images permet à des milliers d'élèves et d'étudiants d'explorer la photographie in situ.

Malgré ce renouveau, les Rencontres d'Arles ont su conserver un public fidèle d'ébahis, de râleurs, de prophètes, d'inspirés ou de sympathiques voyeurs, mais toujours d'amateurs, au sens noble de ce terme. Arles demeure le lieu de révélation du monde de la photographie. Plus qu'un lieu, il est un état d'esprit, une fête, parce que la photo est venue lui apporter une autre possibilité de vie avec la lumière.

Historiquement, les Rencontres d'Arles ont représenté un enjeu important : c'est là que la photographie est entrée dans une nouvelle ère, et on peut affirmer que tous les grands photographes de France et du monde se partagent entre ceux qui sont venus y présenter une œuvre déjà accomplie et ceux qui y ont commencé la leur. Alors que la profession de photographe connaît une crise profonde, elle demeure le lieu où la photographie réfléchit sa contemporanéité, à travers l'héritage de son histoire.

— Robert PUJADE

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Écrit par

  • : professeur agrégé de philosophie, docteur ès lettres et arts, maître de conférences en esthétique à l'université d'Aix-Marseille

Classification

Média

Rencontres d’Arles, 2013 - crédits : Avec l'aimable autorisation des Rencontres d'Arles, 2013

Rencontres d’Arles, 2013

Autres références

  • CLERGUE LUCIEN (1934-2014)

    • Écrit par
    • 364 mots

    Lucien Clergue offre l'exemple relativement rare d'un photographe que même le succès n'a jamais longtemps éloigné de sa ville natale Arles, où il voit le jour en 1934. À dix ans, sa maison familiale d'Arles disparaît dans un bombardement, et c'est dans les ruines de ce quartier qu'il prendra, en 1955,...