BROUILLET RENÉ (1909-1992)
Né à Cleppé (Loire), le 9 mai 1909, René Brouillet, fils d'instituteur, est élève de l'École normale supérieure et de l'École libre des sciences politiques avant de devenir, à vingt-sept ans, secrétaire général du Centre polytechnicien d'études économiques (« X-crise »). Auditeur à la Cour des comptes en 1937, il est nommé chef adjoint du cabinet du président du Sénat en 1939-1940. Pendant la Seconde Guerre mondiale, René Brouillet, conseiller référendaire à la Cour des comptes, est directeur du cabinet clandestin du président du Conseil national de la Résistance. Son attachement à Georges Bidault le conduit au comité directeur du Mouvement républicain populaire et au poste de directeur adjoint du cabinet du ministre des Affaires étrangères en 1953.
Sous la IVe et la Ve République, René Brouillet sert comme diplomate après avoir été secrétaire général du gouvernement tunisien de 1946 à 1950. Premier conseiller à Berne, puis à Rome (Saint-Siège) de 1953 à 1958, il y négocie l'aide à l'enseignement privé pour la paix scolaire, base de la loi Debré de 1960. Ministre plénipotentiaire, il est secrétaire général à la Présidence du Conseil pour les affaires algériennes de juin à décembre 1958 et guide Bernard Tricot au seuil des « sentiers de la paix ».
Ambassadeur en Autriche en 1961, il dirige l'ambassade de France auprès du Saint-Siège de 1963 à 1974, sous l'égide des présidents Charles de Gaulle puis Georges Pompidou, qui lui devaient de s'être rencontrés en 1944, après que son ancien condisciple de la rue d'Ulm lui avait fait part de son souhait de ne pas rester à conjuguer « rosa : la rose » et d'avoir un poste plus politique tout en lui précisant : « Je ne demande rien d'important. » René Brouillet assura durant plus de dix ans le maintien du dialogue entre le Vatican et la France. Élevé à la dignité d'ambassadeur de France en mai 1969, il fut membre du Conseil constitutionnel de 1974 à 1983, et président de l'Association pour l'histoire de l'administration française. Grand-croix de la Légion d'honneur et de l'ordre de Pie IX, il fut élu, en 1987, membre de l'Académie des sciences morales et politiques. Il s'est refusé à écrire ses souvenirs, mais a dialogué avec les historiens et les politologues avec un sens scrupuleux de la vérité et de la rigueur.
En 1974, lors du colloque du C.N.R.S. La Libération de la France (édité en 1976), il évoquait Charles de Gaulle, « maître du chœur » de la cantate que fut la France combattante, « dépositaire des droits de la France vis-à-vis du monde, garant de la souveraineté de la nation ». C'est dans cette tâche qu'il l'avait assisté du 27 août 1944 au 20 janvier 1946, en tant que directeur adjoint du cabinet chargé des Affaires politiques et administratives, veillant à l'épuration et à la reprise économique, destinataire des télégrammes du ministère de l'Intérieur à l'arrivée et au départ, délégué du président du Gouvernement provisoire dans les réunions de travail des commissaires de la République qui incarnaient l'État dans les régions libérées.
Même s'il observait le général avec les yeux du cœur, il ne cacha pas qu'il fut « par dessein, un interlocuteur rude [mais aussi] au plus haut degré réceptif, avide de connaître, avide de pénétrer et de comprendre ». Premier directeur de cabinet du premier président de la Ve République, René Brouillet s'appliqua, de 1959 à 1961, à satisfaire cette avidité, à faciliter les contacts avec la nation en préparant ses rencontres avec des personnalités de toutes tendances et ses voyages à travers les départements de métropole et d'Algérie. Pour avoir vécu, de l'Élysée, la mise en place des institutions, René Brouillet gardait la conviction[...]
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Écrit par
- Charles-Louis FOULON : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)
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