DUBOS RENÉ (1901-1982)
Médecin et biologiste américain d'origine française. Né près de Paris, à Saint-Brice, René Dubos suit les cours du lycée Chaptal puis entre à l'Institut national agronomique de Paris. Après son diplôme, il est assistant à l'Institut international d'agriculture de Rome puis s'installe aux États-Unis en 1924 et entre comme assistant chargé de cours à la Rutgers University du New Jersey, où il obtient le titre de docteur en médecine en 1927. Sa carrière universitaire se poursuivra principalement à la Rockefeller University. Il a reçu la nationalité américaine en 1938.
Bactériologiste éminent, il a d'abord mené des recherches sur le mécanisme de l'immunité acquise, sur la sensibilité naturelle ou sur la résistance à l'infection, puis il a étudié le rôle des micro-organismes dans les fonctions du tractus gastro-intestinal. Il est l'inventeur d'une méthode rapide et sûre pour la culture, jusque-là délicate, du bacille de Koch, facilitant ainsi l'étude expérimentale de la tuberculose. Observant les besoins métaboliques des pneumocoques, il a isolé du sol, en 1929, une bactérie dont il a tiré une enzyme qui détruit la capsule protectrice du germe des pneumonies, ce qui la rend sensible aux moyens de défense thérapeutique. Dix ans plus tard, il isole à nouveau du sol un microbe (Bacillus brevis) dont il extrait deux substances antibiotiques, la gramicidine et la tyrocidine, utilisées localement, par exemple, pour la désinfection des plaies, des cavités buccales. Ses travaux ont ainsi ouvert la voie au développement des antibiotiques (The Bacterial Cell, 1945 ; Biochemical Determinants of Microbial Diseases, 1954 ; Bacterial and Mycotic Infections in Man, 1965, entre autres). René Dubos a beaucoup étudié les effets que les forces environnantes (physico-chimiques, biologiques et sociales) exercent sur la vie humaine, que ce soit dans les communautés non privilégiées ou dans celles qui bénéficient des conditions économiques des pays industrialisés ; ces forces jouent un rôle primordial durant la période prénatale et postnatale et peuvent affecter les caractères biologiques et mentaux de la vie entière et s'étendre même aux générations suivantes ; ses travaux ont encouragé une science nouvelle, le freudianisme biologique. Il a montré que les effets durables des influences de la première enfance peuvent être étudiés expérimentalement au laboratoire et a reproduit sur l'animal certains modèles humains.
Le philosophe rejoint le savant, et à ses travaux de recherche scientifique pure s'ajoutent de nombreux ouvrages mettant en garde l'humanité contre le mirage des victoires sur l'infection : The White Plague, Tuberculosis, Man and Society (1952), Mirage of Health (1959), Health and Disease (1965), Man, Medicine and Environment (1968), So Human an Animal (1968, ouvrage pour lequel il a reçu le prix Pulitzer) et enfin, après sa mémorable intervention à la Conférence sur l'environnement, tenue à Stockholm en 1972 sous l'égide de l'O.N.U., Nous n'avons qu'une Terre, cosigné par Barbara Ward, puis Choisir d'être humain (1974). À sa classique biographie Pasteur, franc-tireur de la science (1950) il ajoute dix ans plus tard Pasteur et la science moderne. Membre de nombreuses sociétés savantes internationales, lauréat pour ses travaux scientifiques ou philosophiques, il a reçu, en 1972, le prix international de l'Institut de la vie.
Son testament scientifique, Chercher. Des médecins, des chercheurs... et des hommes, rédigé en collaboration avec J.-P. Escande, est paru en 1979, édité par Stock à Paris.
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
Classification
Autres références
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ANTHROPOLOGIE DES ZOONOSES
- Écrit par Frédéric KECK et Christos LYNTERIS
- 3 954 mots
- 4 médias
...l’effet catastrophique d’une série de mutations aléatoires au sein de la population microbienne ou virale. Selon la formule provocatrice du bactériologiste René Dubos dans les années 1960, « la nature se venge » (« nature strikes back ») lorsque les animaux ou les plantes transmettent aux humains...