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DUVILLIER RENÉ (1919-2002)

René Duvillier est né à Oyonnax dans l'Ain le 3 avril 1919. Douloureusement marquée par la mort de sa mère, son enfance voit s'éveiller sa vocation pour la peinture lorsque son père, professeur de dessin, lui apprend les différentes techniques et l'emmène visiter les musées. De 1935 à 1938, il fréquente le cours de Charles Guérin, disciple de Gustave Moreau, à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. En même temps, il découvre les œuvres des surréalistes dans les galeries.

Au début de la guerre, il est fait prisonnier et déporté en Ukraine puis en Pologne après plusieurs tentatives d'évasion. C'est d'ailleurs dans le stalag de Cracovie-Kobierzyn qu'il organise en 1943 une première exposition de dessins non figuratifs inspirés par la Genèse. À la Libération, revenu à Paris, il peint des paysages et des femmes imaginaires qu'il présente dans des accrochages de groupe. Il s'intéresse également aux compositions circulaires de Robert Delaunay qui l'incitent à renouer avec l'abstraction en 1948.

La rencontre avec Charles Estienne en 1952 est pour lui une étape décisive. Promoteur alors très en vue de l'abstraction lyrique, le critique l'invite à rejoindre les « Peintres de la Nouvelle École de Paris » qu'il présente à la galerie de Babylone. Duvillier y rencontre Dmitrienko, Lapicque, Poliakoff et se lie particulièrement avec Degottex, Loubchansky et Messagier auxquels il est associé dans des accrochages qui font alors figure d'événements. En 1953, il participe à l'exposition Younger European Painters au musée Guggenheim de New York. La complicité intellectuelle qui le rapproche de Charles Estienne l'amène à faire partie du comité du Salon d'octobre créé pour défendre cette nouvelle tendance plastique qui veut concilier abstraction, peinture gestuelle et écriture automatique. Le critique joue également le rôle de révélateur en lui faisant découvrir la mer en 1954. Ayant « trouvé le mouvement et le geste » devant le déchaînement des vagues qui l'impressionne vivement, Duvillier peint des toiles polychromes et entreprend une série d'encres de couleur qu'il intitule Chevaux de la mer. C'est encore par l'intermédiaire de Charles Estienne qu'il fait la connaissance d'André Breton qui s'enthousiasme pour son travail et préface sa première exposition personnelle en 1955 à la galerie parisienne À l'étoile scellée.

En 1957-1958, réduisant sa palette, il se consacre à la série des Monochromes (bleu, noir, violet) dans laquelle il utilise la technique du déversement liquide de la couleur pour atteindre une certaine transparence sur la toile. Peinte à plat, comme c'est son habitude depuis 1954, la série des Tourbillons (1959-1960) révèle une gestualité généreuse en même temps qu'elle illustre l'angoisse et la peur de l'artiste, particulièrement sujet au vertige, face à l'espace et au vide qu'il tente de maîtriser, de « lameller » à la surface de la toile « pour pouvoir l'accepter ». Les années suivantes voient apparaître la figure récurrente de la boucle avec les séries des Traverses, des Vents et des Orages (1961) puis des Javelots de la mer (1962) qui annoncent les nombreuses références oculaires (Les Regards, 1967) et sexuelles clairement perceptibles dans des œuvres plus tardives comme La Vulve de la mer (1977).

Autre fait marquant, les dessins réalisés pour dissiper son appréhension lors du vol transatlantique qui l'amène à New York – où il séjourne en 1964-1965 – ouvrent sur le Cycle aérien (1965) et le Cycle des profondeurs et des visions (1967-1968), ensemble d'œuvres démonstratives de son anxiété face à la conscience du monde encore manifestée avec la période cosmique (1969-1975).

Une importante exposition au musée[...]

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