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LALIQUE RENÉ (1860-1945)

Créateur de bijoux et maître verrier, René Lalique participe activement à la révolution esthétique de la fin du xixe siècle. Grâce à l'emploi de nouvelles techniques, le recours à de nouveaux matériaux et à un répertoire iconographique original va lui permettre d'inventer de véritables manifestes de l'Art nouveau. Puisant son inspiration dans la nature et s'inspirant de l'art japonais, il crée des bijoux-paysages, tandis que son travail du verre le révèle comme un véritable sculpteur de lumière.

La curiosité pour la nature

Né le 6 avril 1860 à Ay-Champagne (Marne), René-Jules Lalique passe son enfance entre Paris et ce paradis que restera tout au long de son existence sa Champagne natale, pays d'origine de sa mère. Le décor imaginaire de René Lalique est planté dès l'enfance dans cet environnement dont il se souviendra dans les nombreux croquis et projets qui alimentent son œuvre, les bijoux puis la verrerie.

Cette référence à la nature de l'enfance est longuement évoquée à l'occasion de l'Exposition universelle de Paris en 1900 par son ami l'écrivain Pol Neveux. C'est ici la vision d'un familier, mais aussi d'un amateur d'art et un poète qui s'émerveille de l'imagination structurée de ses bijoux et de la connaissance profonde « de la vie rustique acquise dans les jardins et les bois, à l'atelier, voire même au Muséum, qui lui a permis de donner dans ses œuvres à la nature la seule interprétation qui soit possible à l'art ornemental. Ni copie servile, ni traduction littéraire au symbolisme prétentieux, telle a été sa formule » (Art et Décoration, 1900, t. VIII). Pol Neveux relie la vision de Lalique à la tradition française et à deux grands ancêtres : Jean de La Fontaine et surtout Bernard Palissy.

Lalique se passionne pour le dessin au collège Turgot, qu'il intègre en 1872. Cette disposition oriente sa vie professionnelle à la suite du décès précoce de son père en 1876. Il entre en apprentissage chez Louis Aucoc, chez qui il s'initie à la technique du métier de bijoutier-joaillier, tout en suivant les cours du soir à l'école des Arts décoratifs. En 1878, sa mère l'envoie poursuivre ses études en Angleterre, au collège de Sydenham. Il dessine beaucoup, participe à des concours, enrichit son futur répertoire formel et ornemental et sa culture en visitant les grands musées londoniens. De retour à Paris en 1880, il suit des cours de modelage, s'initie à la gravure à l'eau-forte et envoie des dessins à la revue Le Bijou, fondée en 1874, qui est surtout destinée aux fabricants étrangers.

Il commence à se faire connaître en fournissant des projets aux fabricants et aux marchands bijoutiers parisiens. En 1884, il s'associe avec un ami de sa famille, Varenne, chargé de placer ses dessins, sans grand succès. Pourtant, en 1884, le grand bijoutier-joaillier Alphonse Fouquet remarque les dessins du jeune homme qui sont présentés à l'Exposition nationale des arts industriels, au Louvre.

Libéré de Varenne, René Lalique dessine chez lui, élargit sa clientèle et reprend l'atelier du joaillier Jules Destape en 1885. Il s'adonne pendant plusieurs années à la joaillerie pure, avec le concours des ouvriers dirigés par Paul Briançon, qui restera son collaborateur pendant vingt ans.

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Écrit par

  • : conservateur général honoraire du patrimoine, ancien conservateur en chef du musée des Arts décoratifs, Paris

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