LALOUX RENÉ (1929-2004)
Toute sa vie, René Laloux s'est battu pour imposer un art qu'il portait très haut : le dessin animé. Il fut un des rares en France à tenter, au début des années 1970, le pari du long métrage (La Planète sauvage, 1973).
Né en 1929, il suit d'abord des études de dessin et de sculpture sur bois. Puis il devient moniteur d'activités artistiques à la clinique psychiatrique de Cour-Cheverny, auprès de Jean Oury. Pendant quatre ans, il initie les malades à différentes techniques artistiques. Aidé du psychanalyste Félix Guattari, il réalise avec eux un court-métrage en papier découpé (Les Dents du singe, 1960). Le scénario, plutôt grinçant (un dentiste vend aux riches les dents des pauvres), est remarqué par le graphiste Roland Topor. Les deux hommes sympathisent et cosignent Les Temps morts (1964), un petit film noir très ironique sur les instincts meurtriers de l'homme. Les dessins de Topor, à peine animés, alternent avec des extraits d'actualité sur les horreurs de la guerre.
Leur premier grand succès sera Les Escargots (1965), une fable ironico-fantastique, où un petit homme génère les monstres qui vont détruire son environnement. Topor dessine. René Laloux cosigne le scénario et anime. C'est l'immense succès critique et public des Escargots dans les festivals qui incite ses producteurs à financer un long métrage. Ainsi naît La Planète sauvage (1973), d'après un roman de science-fiction français, Oms en série, de Stefan Wul. Pour des raisons économiques, le film est réalisé à Prague. Laloux reste fidèle au principe du papier découpé, manipulant sous la caméra des figurines plates découpées dans du carton souple, sur lesquelles on retrouve intactes toutes les qualités graphiques (lavis, hachures) des dessins de Topor. Le style de ce conte pacifique, aux antipodes de la netteté trop lisse du cartoon disneyen, sera une des raisons de son succès, aussi bien auprès des parents que des enfants. Sélectionnée à Cannes en 1973 (aux côtés de La Grande Bouffe, de Marco Ferreri et de La Maman et la Putain, de Jean Eustache), La Planète sauvage en revient couronnée d'un prix spécial du jury. C'est aujourd'hui un classique.
Laloux tente alors vainement de monter une structure de création à Angers. Il continue d'explorer le monde de la science-fiction philosophique en s'associant à deux autres graphistes : Moebius, pour Les Maîtres du Temps (1982), qui adapte un autre roman de Stefan Wul, L'Orphelin de Perdide ; puis Caza, pour Gandahar (1988), d'après Les Hommes-machines contre Gandahar, de Jean-Pierre Andrevon. Mais chacun de ces projets lui demande des années de démarches. À chaque fois, il lui faudra s'exiler – à Budapest pour Les Maîtres du Temps, en Corée du Nord pour Gandahar. On lui doit également un superbe moyen-métrage inspiré d'une nouvelle de Marguerite Yourcenar, Comment Wang Fô fut sauvé (1987). Parallèlement à ses films, il laisse plusieurs essais : Ces dessins qui bougent, cent ans de cinéma d'animation. 1892-1992 (1996), Au secours, je suis né ! (2000), un pamphlet édité à compte d'auteur, tout comme Et alors ! Le futur, c'est pour quand ? (2001), ultime volume de pensées et d'aphorismes. Sa mort laisse inachevé un nouveau projet de long-métrage, Un monde tout neuf.
Sur son goût pour la science-fiction, René Laloux déclarait dans Télérama : « Je suis pour l'imaginaire, parce que c'est la porte grande ouverte à l'aventure. Et cela peut devenir un acte révolutionnaire : on refuse toute dictature économique ou religieuse, on peut même proposer autre chose... » Adepte de Lao-Tseu, il aimait à répéter ce précepte : « Le temps ne respecte pas ce que l'on fait sans lui. »
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Écrit par
- Bernard GÉNIN : journaliste de cinéma
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Autres références
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TOPOR ROLAND (1938-1997)
- Écrit par Nelly FEUERHAHN
- 2 184 mots
- 1 média
La rencontre de Topor avec le cinéaste d'animation René Laloux se concrétise d'abord par deux courts-métrages (Les Temps morts, 1964, et Les Escargots, 1965), puis, d'après un roman de science-fiction de Stefan Wul, un long-métrage, La Planète sauvage (réalisé avec René Laloux), qui reçoit...