LE SENNE RENÉ (1882-1954)

Professeur de philosophie à la Sorbonne, Le Senne se réclamait du spiritualisme français et de l'idéalisme d'Hamelin. Il publia La Description de la conscience. Obstacle et valeur (s. d.), Le Devoir (1930), Le Mensonge et le caractère (1930), Introduction à la philosophie (1939), Traité de morale générale (1942), Traité de caractérologie (1946).

L'esprit, pour Le Senne, est une unité dynamique de relation. La véritable nature de l'esprit, c'est d'être non pas une nature, mais une fluctuation. La métaphysique et la morale sont liées, leur progrès et leur corruption sont les mêmes. Le Senne se consacre à la philosophie morale. Il ne s'agit pas de regretter ce que nous ne pouvons, mais d'aimer ce que nous devons. La morale se prolonge en axiologie. La valeur est ce qui est digne d'être recherché par nous. Elle est destinée à combler notre indigence et à conforter notre faiblesse. Les valeurs sont transcendantes ; pourtant, elles ont besoin de nous pour être actualisées. Les quatre valeurs cardinales sont la vérité, la beauté, le bien et l'amour, qui est la valeur de l'intimité. Mais toutes les quatre émanent de la valeur absolue ou Dieu.

Le Senne est connu du grand public par son Traité de caractérologie, qui fit connaître en France la classification d'Heymans et Wiersma (dite classification de Groningue). Sa position est « dictée par le double souci de respecter l'évidence de la nécessité empirique et le sentiment moral de notre liberté ». Le but ultime de la caractérologie est de nous donner un peu plus d'intelligence des âmes et de viser l'idiologie, c'est-à-dire la connaissance ordonnée, mais précise, des individus vivants. L'œuvre caractérologique de Le Senne a été poursuivie par Gaston Berger.

— Jean-Louis DUMAS