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LÉVESQUE RENÉ (1922-1987)

Figure de proue de l'indépendance et ancien Premier ministre du Québec (1976-1985).

Né le 24 août 1922 dans une petite ville de Gaspésie, René Lévesque s'oriente vers le droit – son père est avocat – mais ne termine pas ses études et devient correspondant de guerre dans les services américains. Sa voie est tracée : il sera journaliste de politique internationale. C'est à Radio-Canada, comme correspondant de guerre en Corée, puis à la télévision que se fera connaître et aimer cet homme au visage mobile, au geste nerveux et au cheveu rare, petit de taille mais grand par l'intelligence et par la passion qu'il met à faire comprendre tout à tous.

En 1960, il amorce sa carrière politique. Il choisit le Parti libéral pour son programme de modernisation de l'État et de la société. Son style simple et direct, ses préoccupations sociales, sa sollicitude pour « les plus mal pris » l'orientent tout naturellement vers une circonscription populaire de Montréal où il se fait élire député le 22 juin (et derechef en novembre 1962 et en juin 1966). Il devient aussitôt ministre, l'une des vedettes de ce gouvernement et de cette époque que l'on appelle déjà la « révolution tranquille ». Il s'occupe surtout d'économie. C'est à lui que le Québec doit la nationalisation de l'électricité (l963), qu'il impose à un chef hésitant et qu'il fait approuver par l'électorat au nom d'un retentissant « maîtres chez nous » : expression concrète de la force de l'État au service de la reprise en main du destin collectif. Dans les années 1960, la société québécoise est ébranlée par l'apparition d'un nouveau nationalisme, axé sur l'indépendance totale du Québec et dirigé contre le Canada, considéré comme un pays étranger et colonisateur. René Lévesque entend l'appel. À l'automne de 1967, trois mois après le voyage au Québec du général de Gaulle, il rompt avec les libéraux parce que ceux−ci restent rivés au fédéralisme. En octobre 1968, il fonde son propre parti, le Parti québécois ; car cet homme charismatique n'a pas besoin des autres, ce sont plutôt les autres qui ont besoin de lui. Mais s'il fait sienne l'idée de l'indépendance, il la dépouille de son esprit anticanadien, car il n'imagine pas son pays autrement qu'étroitement associé à ses voisins – et amis – du Canada. C'est ce qu'il appelle la « souveraineté-association ».

Avec ce chef et ce programme, le décollage est maintenant possible. Le Parti québécois recrute des personnalités très connues, des militants par milliers (on en compte, dit-on, 300 000 en 1982, deux ans après le référendum perdu), attirés par l'idée de souveraineté, mais aussi par le programme social-démocrate. Aux élections d'avril 1970, il obtient 23 p. 100 des suffrages exprimés, 31 p. 100 en octobre 1973 : ascension rapide, mais qui paraît trop lente encore, car le parti a trop peu d'élus (même Lévesque est chaque fois battu). Lévesque définit donc en 1974 une nouvelle stratégie – mettre son drapeau en poche le temps d'une élection, le ressortir plus tard lors d'un futur référendum –, qui le conduit au pouvoir : le 15 novembre 1976, le Parti québécois remporte la victoire avec 41 p. 100 des suffrages exprimés et 71 élus (sur 110). « Je n'ai jamais été aussi fier d'être québécois », dira celui qui devient ainsi le vingt-troisième Premier ministre du Québec. René Lévesque et son gouvernement agissent dans de nombreux domaines, le plus souvent vite et bien : financement de partis politiques, assurances-responsabilité automobile, droit du travail, zonage agricole, immigration, nationalisation de l'amiante... ; et, bien entendu, la langue, avec la loi 101 qui apporte enfin l'indispensable[...]

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Écrit par

  • : professeur, département de science politique, université de Montréal

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  • CANADA - Histoire et politique

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