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LAENNEC RENÉ THÉOPHILE HYACINTHE (1781-1826)

Médecin français d’origine bretonne. Né à Quimper en 1781, René-Théophile-Hyacinthe Laennec commence ses études médicales auprès de son oncle Guillaume Laennec, médecin-chef des hôpitaux de Nantes (1796) et les achève à Paris où il suit l'enseignement de Corvisart à l'hôpital de la Charité. Docteur en médecine en 1804, il est, en 1812, chef de service à l'hôpital Beaujon, puis à la Salpêtrière et à l'hôpital Necker (1815). C'est là que, l'année suivante, il critique le diagnostic des maladies du thorax établi par percussions, posé en 1760 par le médecin viennois Auenbrugger et introduit en France par Corvisart : « L’art de percuter, d’ailleurs, quoique très simple en apparence, exige pour donner des résultats réellement utiles, une grande habitude, et une dextérité que beaucoup d’hommes ne peuvent acquérir. » Laennec découvre en 1816 puis perfectionne le procédé de l'auscultation par l’intermédiaire d’un instrument, le stéthoscope. Se souvenant de la transmission du son par les corps solides, Laennec expérimente : « Je pris un cahier de papier, j’en formais un rouleau fortement serré dont j’appliquai une extrémité sur la région précordiale, et posant l’oreille à l’autre bout, je fus aussi surpris que satisfait d’entendre les battements du cœur d’une manière plus nette et plus distincte que je ne l’avais fait par application immédiate de l’oreille. » Cet instrument est appelé stéthoscope, du grec stethos, la poitrine, et scopeô, observer.

Premier stéthoscope de Laennec - crédits : BIU Santé Médecine, Paris, cote : 02518

Premier stéthoscope de Laennec

Le stéthoscope de Laennec est rapidement amélioré : c’est bientôt « un cylindre de bois d'un pied de longueur, percé en son centre d'un tube de trois lignes de diamètre [...] évasé à son extrémité à une profondeur d’un pouce et demi en forme d’entonnoir ». Après l’étude des bruits du cœur normal et pathologique, Laennec étend son exploration clinique à la cage thoracique entière, il identifie et décrit la bronchophonie, le râle crépitant ou ronflant, le bourdonnement amphorique, le tintement métallique... Il rapporte ces signes à des lésions différentes qu'il vérifie ensuite par l'anatomopathologie. Réunis dans De l'auscultation médiate, ou Traité du diagnostic des maladies des poumons et du cœur fondé principalement sur ce nouveau moyen d'exploration (1819 ; 2e éd., 1826), ses observations et ses commentaires ont permis la création de la pathologie cardio-pulmonaire moderne. Sa description de la tuberculose pulmonaire est classique, ainsi que celle des symptômes de la gangrène pulmonaire, de la bronchectasie, du pneumothorax. S'il a eu quelques adversaires (dont les plus célèbres sont Dupuytren qui reste son ami, et Broussais qui l'attaque bassement), Laennec suscite l'admiration de son temps et du nôtre en apportant à la médecine une méthode de recherche et d'examen remplaçant ce que Bichat nomme « des théories plus souvent nées dans le cabinet qu'au lit du malade ». Moderne sur un tout autre plan, Laennec assure la diffusion de sa méthode en offrant un stéthoscope aux acheteurs de la première édition de son traité. Le stéthoscope subira de nombreuses modifications pour aboutir à la fin du xixe siècle à sa forme actuelle. Un appareil très voisin de celui de Laennec sert cependant encore occasionnellement à l’écoute du cœur fœtal. Une collection de stéthoscopes depuis le tout premier est visible à la bibliothèque universitaire de Nantes.

À cette réforme profonde dans la symptomatologie pulmonaire et cardiaque et à sa part dans la création de l'école anatomoclinique s'ajoutent des travaux sur la cirrhose hépatique (terme créé par Laennec en 1819), les inflammations du péritoine, les hernies, les fièvres intermittentes. Il collabore régulièrement (depuis 1804) au Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie,[...]

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Écrit par

  • : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

Premier stéthoscope de Laennec - crédits : BIU Santé Médecine, Paris, cote : 02518

Premier stéthoscope de Laennec

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